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Nos finalistes en lumière : le Dr Georges-Étienne Rivard en 5 questions

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02/05/2025

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2. Pourquoi avoir choisi votre spécialité?

Une fois étudiant en médecine, j’ai travaillé de nuit comme technicien médical à la banque de sang de l'Hôpital Sainte-Justine. Un jour, j'ai préparé du sang toute la nuit pour une jeune femme qui en perdait massivement après un accouchement. De temps en temps, j'allais voir à la chambre pour savoir si on avait encore besoin de mes services. La femme était en choc; le lit et le plancher étaient recouverts de sang; l'équipe médicale semblait dépassée. À l’aube, lorsque je suis retourné à la chambre, cette jeune femme était décédée. J'ai beaucoup pleuré ce jour-là. Puis, en jeune idéaliste que j’étais, je me suis dit: « Ça ne doit plus arriver; je veux tout savoir sur l’hémostase*. Je veux devenir hématologue spécialisé en hémostase! » À partir de ce moment, durant mes nuits de garde peu occupées, j'ai lu tous les livres d'hémostase de la bibliothèque du laboratoire.


* Hémostase : Ensemble des mécanismes biologiques ou des traitements qui concourent à la prévention et à l'arrêt des saignements.

3. Quel est l’accomplissement dont vous êtes le plus fier?

C’est la découverte en 1979 d'une nouvelle anomalie congénitale de l'hémostase. Elle fut initialement appelée « Factor V Quebec » puis, avec l’avancement des connaissances, on l’a renommée « Quebec Platelet Disorder » (QPD) [syndrome plaquettaire du Québec]. Ce syndrome très rare conduit à des saignements incontrôlables (45 cas sont répertoriés dans le monde, tous descendants d'un couple de parents québécois non consanguins).

Avec la collaboration de plusieurs experts dans diverses disciplines, nous avons pu identifier le problème fondamental du QPD et sa cause. Cette découverte a changé la vie (et parfois évité la mort) des sujets qui en sont atteints. L'acide tranexamique, un inhibiteur de la fibrinolyse qui se donne en comprimés, contrôle facilement les saignements de ces personnes. Grâce à cette substance miraculeuse, des patients ont pu subir une greffe hépatique, un remplacement complet de la hanche et deux remplacements complets de genoux, sans qu’une transfusion sanguine ou un autre produit sanguin ne soient requis.

4. À quoi ressemble une de vos journées typiques au travail?

Je me lève à 5 h et je quitte la maison à pied vers 5 h 45, pour une marche de 4 km. J’arrive au travail vers 6 h 30. Puis, mon temps se partage entre le laboratoire clinique d'hémostase, le laboratoire d'hématologie et le laboratoire clinique de diagnostic moléculaire. J’œuvre en clinique 3 jours par semaine au diagnostic et au suivi de problèmes d'hémostase. Vers 17 h, je refais le trajet de 4 km vers mon domicile.

Après le souper et jusqu'à 21 h, je fais la lecture de mes journaux d'hémostase et de publications spécialisées en hémophilie et thrombose. Puis, tous les soirs et nuits, je suis de garde sur appel pour le Centre québécois pour le traitement des patients avec inhibiteurs, depuis sa création en 2000. Le centre dessert la population pédiatrique et adulte de l’ensemble de la province. Je reçois environ 2 à 3 appels par 24 h, surtout la nuit.

Ensuite, 2 jours par semaine, je me consacre à la recherche ainsi qu’à d’autres activités (enseignement, préparation ou présentation de conférences, rédaction de publications, etc.). Je fais également partie de divers comités, dont le Comité consultatif national de médecine transfusionnelle.

5. Quel enjeu vous semble prioritaire dans le réseau de la santé?

La disponibilité d'un médecin de famille pour tous les citoyens. Ces médecins devraient avoir une formation et une approche fortement orientées vers la médecine préventive.

3 choses à savoir à son sujet
  • Depuis plus de 50 ans, il se consacre à aider les enfants atteints de cancers hématologiques et de troubles de l’hémostase, dont l’hémophilie.
  • En tant que chercheur, il compte parmi ses hauts faits d’armes l'identification d'une rare hémorragie congénitale, désormais connue sous le nom de « syndrome plaquettaire du Québec ».
  • Chef de file dans sa spécialité, il a notamment fait partie du Comité d’hémovigilance du Québec, qui a conduit à la création d’Héma-Québec.
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