Une histoire de cœur… avec le Québec
Cardiologue formé en Espagne, originaire de la Catalogne, le Dr Josep Iglésies-Grau est arrivé au Québec il y a trois ans.
Dr Josep Iglésies-Grau
« J’ai choisi le Québec parce que je me passionne pour la prévention cardiovasculaire. Un médecin avec qui je collaborais à New York m’a parlé du centre ÉPIC de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM). On m’a proposé un entretien d’embauche pour un fellowship1, et c’est ainsi que je suis entré au pays. » La pandémie ayant complexifié son arrivée, il lui a fallu plus d’une année de démarches avant de pouvoir poser ses bagages à Montréal.
Dès son arrivée au Québec, le Dr Iglésies-Grau a œuvré en recherche, notamment dans le cadre d’une maîtrise en sciences biomédicales réalisée à l’Université de Montréal. « Je m’intéresse à la rémission des facteurs de risque. Mes recherches tentent de démontrer qu’on peut renverser certaines conditions dites chroniques (diabète, hypertension, cholestérol élevé) grâce à des changements aux habitudes de vie », raconte le chercheur passionné, qui a appris le français à Montréal.
Enthousiasmé tant par son milieu de travail que par la culture et l’hospitalité québécoises, le cardiologue songe alors à s’établir à long terme au Québec. « À la suggestion de mes patrons et après mûre réflexion, j’ai décidé d’entreprendre les démarches afin de rester ici », raconte-t-il.
Ayant pu amorcer officiellement sa pratique en tant que jeune patron à l’ICM en janvier 2024, il admet que le chemin pour y parvenir n’était pas de tout repos. Au fil des mois, il a documenté les étapes de son parcours, composées de multiples démarches administratives menées auprès de son université, des instances gouvernementales, des fédérations médicales et du CMQ.
« C’est un long processus et c’est pourquoi j’ai cru utile de tout noter, afin d’aider de futurs candidats »Dr Josep Iglésies-Grau, cardiologue
Patience et résilience
Aux dires du Dr Iglésies-Grau, les médecins qui songent à immigrer au Québec doivent comprendre que le processus est chapeauté par plusieurs instances. Il estime que les candidats gagneraient à recevoir un document complet, détaillant les options possibles selon leur situation, avec les noms des personnes-ressources à contacter dans les différentes organisations à chacune des étapes. « Je me suis rendu compte que personne dans mon hôpital ne connaissait en détail le processus, raconte le cardiologue. J’ai dû poser beaucoup de questions. »
Afin de faciliter l’arrivée des candidats internationaux, il croit que l’accès à des cours de français en ligne (axés sur le jargon médical employé sur le terrain) serait utile. La tenue de conférences ou de webinaires pourrait aussi aider les futurs candidats à mieux comprendre les voies d’accès et leur permettrait de poser leurs questions en amont.
Par ailleurs, l’aspect monétaire lui apparaît comme un facteur non négligeable. Les démarches administratives entraînent des frais substantiels, sans oublier les frais de scolarité qui sont à débourser pour certains fellows, alors que leur rémunération est modeste. « Pour ma part, j’ai été privilégié. J’avais le soutien d’un grand hôpital et de mes patrons et collègues. »
Même s’il évoque différents obstacles législatifs et administratifs vécus en cours de route, il considère néanmoins que le Québec est une excellente terre d’accueil. « Je me suis tout de suite senti bien parmi les Québécois et les Québécoises », assure-t-il.
1 Formation complémentaire permettant aux médecins de se surspécialiser dans un domaine pointu, en lien avec leur programme de résidence.
Les notes médicales sont écrites à la main. Je n’ai jamais vu une telle chose en Europe, où j’ai travaillé dans plusieurs milieux. Puisqu’il n’y a pas actuellement de système informatique partagé au Québec, on rencontre souvent des patients sans avoir pu prendre connaissance des notes à leur dossier. À mon avis, il y a là un enjeu pour la sécurité des soins offerts aux patients.
- Dr Josep Iglésies Grau