De quoi sera fait l’avenir de la médecine de famille?

À l’ère de l’élargissement des pratiques professionnelles en santé, à l’aube d’une nouvelle réforme du réseau, face à d’imposants défis démographiques et en regard des promesses de l’intelligence artificielle… où se situe la médecine de famille en 2024? Pour tâter le pouls, Actualité M.D. est allé à la rencontre de médecins de famille qui portent un regard éclairant sur leur spécialité. Quatre médecins. Quatre régions. Quatre points de vue sur une profession en évolution.

Titre

47,06% des répondants ont utilisé des mots s'apparentant à "humain", "empathique", "à l'écoute" ou "bienveillant".
23,53% des répondants ont utilisé des mots s'apparentant à "professionnel", "compétant", "disponible" ou impliqué"
14,71% des répondants ont utilisé des mots négatifs.
14,71% des répondants ont dit ne pas avoir de médecin de famille.

La parole aux médecins de famille

  • Dr Mathieu Pelletier : Médecin au GMF-U du Nord de Lanaudière et professeur titulaire de clinique à l’Université Laval, il exerce la médecine de famille depuis près de 20 ans.
  • Dre Anne-Sophie Thommeret-Carrière : Médecin au CIUSSS Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, travaillant en itinérance et médecine des toxicomanies, elle exerce la médecine de famille depuis 8 ans.
  • Dr Frédéric Picotte : Médecin au GMF-U de Shawinigan, il exerce la médecine de famille depuis 14 ans.
  • Dre Chantal Charbonneau : Directrice du GMF-U de La Sarre, elle exerce la médecine de famille depuis 14 ans.

1. Qu’est-ce qui vous a attiré vers la médecine de famille?

M. P. La polyvalence et le volet humain! J’apprécie que la pratique puisse se modifier au fil du temps et s’adapter à notre personnalité. Pour ma part, j’ai fait de la médecine d’urgence pendant plusieurs années, puis j’ai amorcé une pratique auprès des communautés autochtones, ce qui est devenu pour moi une passion. Depuis peu, je soigne également des personnes âgées en CHSLD. En parallèle, j’ai toujours suivi des patientes et patients à mon bureau. Je me sens privilégié d’accompagner ces personnes au fil de leur vie.

F. P. Au moment de choisir une spécialité, j’hésitais entre plusieurs options. Pour faire mon choix, j’ai décidé d’aller rencontrer des médecins plus âgés afin de voir si l’étincelle était toujours dans leurs yeux. Les médecins de famille m’ont semblé être ceux qui « vieillissaient » le mieux, qui conservaient la flamme pour leur profession. En fait, j’ai l’impression que la pratique en médecine de famille se bonifie avec le temps, un peu comme le bon vin… Il est possible de varier les types de pratique au cours de sa carrière. J’aime cette flexibilité. Le fil conducteur demeure le lien avec le patient, un lien qui perdure et se solidifie avec les années.

2. Qu’aimez-vous le plus de votre travail?

A.-S. T.-C. Par-dessus tout, c’est l’interdisciplinarité. J’aime travailler en équipe avec d’autres professionnels, ce qui permet d’offrir des soins plus complets et humains. Récemment, nous avons hospitalisé un homme pour un sevrage d’alcool. Ayant un trouble neurocognitif, il n’était pas en mesure de retourner vivre chez lui de manière autonome et il était en attente d’une relocalisation. Après quelques semaines, il nous a demandé l’autorisation de faire des sorties temporaires de l’unité. Nous nous sommes concertés et c’est ma collègue ergothérapeute qui l’a accompagné dans la planification de ses sorties extérieures, mais également dans la gestion de sa consommation d’alcool, comme ce dernier n’avait pas l’abstinence comme objectif. Nous avons donc pu amorcer la réadaptation de ce patient et répondre à ses demandes, tout en préservant sa sécurité. Pour moi, le travail d’équipe permet cette innovation, au profit de la patientèle.

F. P. J’aime le travail d’équipe au quotidien avec des IPS, des infirmières cliniciennes et des infirmières auxiliaires. Je les implique le plus possible dans les dossiers, leur transmet un maximum de connaissances et, surtout, je leur fais confiance. Lorsqu’elles ont besoin de mon avis, j’accepte de tout mettre sur pause pour me rendre disponible en temps opportun. Ainsi, mon expertise est utile, mais je peux aussi déléguer une partie de la charge administrative.

C. C. Comme beaucoup de collègues, c’est la mixité de pratique et la possibilité de la moduler selon nos intérêts et au gré des étapes de vie également. Pour ma part, j’apprécie également de pouvoir m’impliquer dans le volet administratif depuis quelques années.

3. À l’ère de l’élargissement des pratiques professionnelles, comment percevez-vous le rôle du médecin de famille?

M. P. Je vois d’un œil très positif la collaboration interprofessionnelle et l’élargissement des pratiques. De plus en plus, les pharmaciens offrent une impressionnante gamme de services à la population. Les psychologues et travailleurs sociaux, même s’ils ne sont pas assez nombreux dans le réseau, ont aussi un rôle important à jouer. Au quotidien, on travaille étroitement avec les infirmières et on collabore avec les IPS. Dans ce nouvel écosystème, le médecin de famille est appelé à devenir un expert de la complexité en première ligne (quel que soit l’âge du patient ou sa problématique – physique, mentale, chronique). Ça ne veut pas dire être le chef de la première ligne, toutefois. Il faut bien définir les rôles, tant du médecin que de l’IPS, et bien redessiner la trajectoire, pour éviter de créer des silos.

A.-S. T.-C. Je conçois le rôle du médecin de famille comme celui d’un chef d’orchestre capable d’une vision d’ensemble et de coordonner les multiples intervenants au dossier d’un patient. À la clinique itinérance où je travaille, les infirmières et les IPS-SM* ont une autonomie de pratique impressionnante. Cela constitue une grande richesse et ne menace en rien le rôle du médecin de famille, souvent interpellé dans des cas plus complexes socialement ou médicalement. Le rôle du médecin de famille est également, selon moi, de rester à l’affût des innovations et des avancées scientifiques, de proposer des projets de développement clinique et de travailler à abolir les silos en santé pour servir le plus efficacement et intelligemment possible nos patientes et patients.

*IPS-SM: infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale

4. Quel est le plus grand irritant dans votre pratique?

C. C. Le premier irritant, c’est la charge administrative! J’ai l’impression qu’elle augmente avec les années. Il y a désormais plus de formulaires à remplir et certains se sont complexifiés. Le second irritant, c’est la difficulté d’obtenir en temps opportun certains examens ou consultations pour nos patients.

M. P. C’est clairement l’informatique pour moi. Dans ma vie personnelle, la technologie facilite mon quotidien. Pourtant, au travail, j’ai souvent l’impression que les outils informatiques nous nuisent, car ils sont désuets. Par exemple, la clé USB qui permet de se brancher au DSQ* n’est plus compatible avec les plus récents modèles d’ordinateurs. C’est sans compter l’abondance de plateformes auxquelles on doit se connecter, avec des mots de passe qui changent continuellement. La qualité des soins dépend de plus en plus de la qualité des outils informatiques... il est temps que le ministère s’attaque à ce problème. L’autre irritant majeur, c’est le temps passé à remplir des formulaires, des dossiers. On nous dit qu’il faut voir plus de patients, mais si on commençait par amoindrir certains irritants, on pourrait certainement en soigner davantage.

*Dossier santé Québec (DSQ) : plateforme destinée au partage sécuritaire de renseignements de santé entre les organismes et intervenants autorisés.

5. Nommez un changement concret, applicable à court terme, qui pourrait faire une différence dans votre quotidien et pour votre patientèle.

M. P. La réduction de la paperasse! Si le ministère décrétait qu’à partir de maintenant, les médecins sont considérés comme des ressources limitées et qu’il faut utiliser leur temps judicieusement, il pourrait décider que ce sont aux employeurs de payer pour les certificats médicaux et travailler avec ses partenaires gouvernementaux à simplifier, voire abolir certains formulaires. Pour cela, ça prend une volonté commune.

F. P. Il faut revoir certains gestes qui n’ont pas de valeur thérapeutique, dont les tests de dépistage qui, au mieux, n’allongeront la vie d’une personne que de quelques mois. Il serait plus payant de miser sur les habitudes de vie qui, elles, peuvent faire une réelle différence en permettant de gagner de 12 à 14 ans d’espérance de vie. Il reste beaucoup d’éducation à faire auprès de la population. Si l’on donne aux gens les bons outils, si on leur présente les bonnes données, cela peut faire boule de neige et avoir un réel impact.

C. C. C’est peut-être difficile en contexte de pénurie de personnel, mais il faudrait miser encore davantage sur la collaboration interprofessionnelle, en ayant un meilleur ratio médecin-infirmière que ce qu’on voit actuellement en GMF. Par exemple, si on formait des trios en jumelant une infirmière clinicienne et deux médecins, on améliorerait le suivi des patients pour certaines maladies chroniques, on accélérerait la communication de certains résultats d’analyses, et on répartirait mieux la charge administrative. Ce serait pertinent et aidant.

6. Au cours des dernières années, la médecine de famille a connu des difficultés de recrutement. Selon vous, qu’est-ce qui cause le problème d’attractivité de votre spécialité auprès de la relève?

F. P. Certaines campagnes politiques ont misé sur l’idée que les médecins de famille étaient paresseux, qu’il fallait leur « serrer la vis ». Pourtant, sur le terrain, j’ai toujours vu des personnes dévouées et travaillantes. Certains médecins de famille assument une tâche hospitalière importante, ce qui fait qu’ils sont moins dédiés à la première ligne. Or, pour un jeune médecin, c’est un atout de pouvoir choisir la pratique qui l’intéresse, que ce soit de travailler à l’urgence ou de réaliser des accouchements. Les jeunes veulent avoir une latitude et une qualité de vie. Toutefois, le message politique se résume souvent à : « tu vas prendre en charge plus de patients, tu vas travailler plus! » et on ajoute à cela des contraintes au niveau des AMP* et des PREM** qui limitent les choix… Je crois que tout ce processus réglementaire a beaucoup nui à la spécialité.

* Activités médicales particulières

**Plans régionaux d’effectifs médicaux

A.-S. T.-C. Pendant mes études, on nous vendait la médecine familiale comme une discipline aux multiples possibilités, allant des accouchements jusqu’aux soins de fin de vie. On nous disait que nous aurions la chance de trouver la pratique qui nous conviendrait parmi cette mer de possibilités. Cependant, la réalité est tout autre et la médecine de famille comprend de plus en plus de contraintes administratives, ce qui peut refroidir de futurs résidentes et résidents.

On parle également constamment des guichets d’accès aux médecins de famille dans les médias et de la pression pour les vider. De plus, le discours à l’endroit des médecins de famille est souvent très dur dans l’espace public québécois. Inévitablement, cela a un impact sur l’attractivité de cette spécialité. C’est également une pratique où la prise en charge comporte une certaine lourdeur dans certains contextes, ce qui peut créer un sentiment d’isolement. Ces réalités peuvent faire peur aux étudiantes et étudiants. Je pense qu’il faut davantage les mettre en contact avec des médecins de famille enseignants durant leur parcours de formation. Il manque actuellement de modèles de rôle dans les universités.

Une spécialité boudée

Au pays, on dénote une baisse de l’attractivité de la médecine de famille depuis 10 ans. Alors que 36 % des diplômés en médecine choisissaient d’emblée la médecine de famille en 2013, cette proportion avait fondu à 30 % en 2023.

En 2024, 17 % des postes en médecine de famille étaient toujours vacants après le premier tour du Service de jumelage des résidents (CaRMS).

7. Comment pourrait-on mieux valoriser la médecine de famille?

C. C. Pour la relève, il faut davantage de modèles de rôle positifs. Si les étudiants qui viennent en stage ne rencontrent que des médecins de famille qui ont l’air fatigués, cela ne va pas les encourager ou les inspirer. Pour ce qui est du regard que porte la société sur les médecins de famille, je pense que la majorité des gens qui nous consultent sont heureux du service qu’ils reçoivent et comprennent l’importance de notre rôle. D’un autre côté, le discours ambiant n’est pas toujours valorisant et on a parfois l’impression que le gouvernement veut seulement que les médecins fassent du « débit », pour améliorer les statistiques. Il faut reconnaître l’expertise du médecin de famille et l’ampleur de sa tâche pour comprendre qu’on ne peut résumer cela seulement à « faire du débit » si l’on veut faire du bon travail.

F. P. Être médecin de famille, c’est le plus beau métier du monde, mais il faut que ce soit plus glamour. Il faut changer le discours ambiant, mettre en valeur la profession et surtout lui redonner sa flexibilité. On doit diminuer l’incertitude, enlever certaines restrictions, car cela ne cadre pas avec les valeurs de nos jeunes médecins.

8. Le programme de résidence en médecine de famille, d’une durée de deux ans, vous semble-t-il toujours adéquat?

M. P. Il n’est clairement plus adapté. Les temps ont changé, et pourtant c’est le même programme qu’à l’époque où les médecins de famille travaillaient en solo, essentiellement en cabinet et au sans rendez-vous, soignaient des maladies de base et demandaient beaucoup de consultations en spécialité. Depuis, la société a changé : on travaille désormais en équipe, de nouveaux soins sont apparus comme l’aide médicale à mourir, et de nouvelles réalités sont abordées, que ce soit l’identité de genre, les clientèles vulnérables ou la santé autochtone. De plus en plus de résidentes et résidents sentent le besoin de poursuivre leur formation après la résidence, et les programmes de compétences avancées se multiplient. Par ailleurs, plusieurs compétences ont dû être ajoutées au programme de deux ans, qui devient de plus en dense. Cela conduit parfois à des échecs de stages. Or, qui est responsable de cet échec? Est-ce la ou le stagiaire? Ou est-ce le programme de formation qui n’est tout simplement plus adéquat? Selon moi, une réforme de ce programme s’impose.

C. C. Je pense que la majorité des résidentes et résidents qui terminent leur programme de deux ans se sentent prêts à travailler. Certains choisiront de prolonger un peu leur formation, et c’est parfait ainsi. Il existe plusieurs programmes de formations plus spécifiques pour celles et ceux qui veulent développer une pratique plus nichée, bien que l’accès à ces programmes soit parfois restreint. D’un autre côté, la somme de connaissances et de compétences à acquérir est en constante augmentation. Ajouter une année au programme de résidence permettrait de couvrir des notions qu’on acquiert actuellement en pratique. Je ne suis toutefois pas convaincue que d’allonger le programme soit la bonne option. Si on prolonge la résidence d’un an, il ne restera qu’une différence de deux ans avec la plupart des autres spécialités. Une étudiante ou un étudiant n’aurait alors qu’à faire deux années de formation supplémentaires pour obtenir une rémunération significativement plus élevée. Parler d’argent en médecine, c’est tabou encore, mais je pense que c’est un facteur non négligeable sur le plan du recrutement.

Durée de quelques programmes de résidence au Québec

Pédiatrie 4 ans

Psychiatrie 5 ans

Gériatrie 5 ans

Radiologie 5 ans

Cardiologie 6 ans

Médecine de famille 2 ans

9. D’ici 10 ans, en regard de l’évolution technologique et démographique, comment la médecine de famille devra-t-elle s’adapter?

F. P. D’abord, il faudra miser sur la prévention : les gens doivent bougent davantage! Plus la maladie chronique va s’installer, plus ce sera difficile d’assurer des soins pour tout le monde.

Ensuite, nous aurons besoin de plus de soins à domicile. Pensons au potentiel avec nos montres intelligentes… Grâce à des données recueillies à distance, il sera possible de donner des congés plus précoces, d’éviter certains déplacements à l’hôpital pour des évaluations et de permettre à des personnes âgées de rester plus longtemps dans leur milieu de vie.

Enfin, bien sûr, il faudra investir dans les équipes (médecins, infirmières, physiothérapeutes, etc.), revaloriser les emplois en santé et offrir plus de flexibilité dans les horaires afin que le réseau redevienne un milieu attractif pour les plus jeunes.

10. Le recours à l’intelligence artificielle (IA) vous semble-t-il prometteur dans votre spécialité?

A.-S. T.-C. Oui, l’usage de l’IA me semble prometteur pour le repérage, le triage, voire le diagnostic de certaines pathologies courantes en médecine familiale. Il faudra toutefois faire preuve de vigilance face aux possibles biais racistes, sexistes, homophobes ou transphobes des algorithmes et éviter de tomber dans les dérives du surdiagnostic. Cela dit, ma spécialité en est une où l’on peut parfois soigner les gens uniquement avec des mots. Nos patients ont souvent vécu plusieurs traumas et ne peuvent guérir qu’en étant en contact avec d’autres humains bienveillants et sincères. Je pense donc que l’IA aura ses limites et que la médecine familiale restera toujours une discipline essentiellement humaine.

C. C. On entend actuellement parler de systèmes d’IA où l’ordinateur écoute la conversation avec le patient et rédige une note médicale. Je pense qu’un tel outil pourrait nous faire gagner beaucoup de temps… si c’est bien fait! Cela dit, je ne crois pas que les médecins de famille puissent être remplacés par une IA, car une portion de jugement clinique doit demeurer. En revanche, pour des tâches plus répétitives ou mécaniques (par exemple : comparer un nouveau résultat de test avec un ancien, faire des rappels pour certains examens périodiques, remplir ou expédier un formulaire), ce sera très aidant!

M. P. Il faut voir les côtés positifs de l’IA. Elle ne va pas détruire la médecine familiale ni remplacer les médecins, mais elle amènera certainement la profession à se transformer. Dans notre clinique, nous utilisons actuellement un système d’IA qui aide nos agentes administratives qui répondent aux appels téléphoniques à diriger chaque patient vers le bon professionnel. Ce n’est pas parfait, mais d’ici 10 ans, ce sera la norme. L’IA pourra aussi bientôt nous aider à obtenir rapidement les données scientifiques requises, en les arrimant à celles au dossier du patient. Par exemple, elle me fournira de l’information sur le traitement de la pneumonie, mais en l’appliquant au cas d’une personne de 55 ans, allergique à la pénicilline et qui a déjà deux autres maladies. Cela aidera le médecin, sans pour autant remplacer le jugement clinique. D’ailleurs, il y a plein de sphères où l’IA ne pourra pas nous remplacer. Personne ne veut être accompagné dans la mort par une IA, ni lors d’un accouchement ou d’une maladie. Bref, j’ai la conviction que les médecins de famille sont là pour rester.

D'autres données
10 777 

C’est le nombre de médecins de famille au Québec, soit 47 % de l’ensemble des médecins actifs dans la province.

50 ans

C’est l’âge moyen des médecins de famille québécois.