Corridor de référence et demande de consultation en spécialité
Télémédecine
Le Collège a été interpellé dernièrement concernant la pertinence de certaines demandes de consultation en spécialité émanant d’une rencontre virtuelle entre un médecin et une patiente ou un patient.
Avant de demander une consultation à un confrère ou une consœur, un médecin doit compléter une démarche clinique adaptée à la situation de la personne qui le consulte et répondant aux normes en la matière, tout en respectant son domaine d’activités. Une telle procédure s’applique à tous les types de rendez-vous (en présentiel ou en virtuel) et à tous les médecins, qu’ils œuvrent dans le réseau public de santé ou dans le secteur privé.
Une démarche clinique comprend l’évaluation clinique de la patiente ou du patient (questionnaire avec, lorsque requis, examen physique et/ou examen mental) et le cas échéant une évaluation paraclinique (examen de laboratoire, tests d’imagerie, etc.) afin d’élaborer un diagnostic différentiel, de le préciser et de choisir le traitement approprié.
Si le médecin est devant une impasse, tant en ce qui a trait au diagnostic qu’au traitement, il doit reconnaître ses limites et ne pas hésiter à demander l’aide d’un autre médecin. Après s’être assuré d’avoir terminé sa démarche clinique, le médecin peut alors utiliser les canaux habituels de communication pour demander une consultation et ce peu importe si la personne a été vue en présentiel ou en téléconsultation.
Par exemple, quel que soit le mode de consultation (virtuel ou présentiel), il serait inadéquat de diriger une patiente ou un patient vers un ORL pour un problème de diminution de l’audition sans avoir préalablement examiné les oreilles de cette personne. Même conclusion pour une personne souffrant de douleur aiguë au genou avant de la référer à un orthopédiste.
En cas d’urgence, la démarche clinique peut être plus limitée afin de diriger en temps opportun la patiente ou le patient vers une salle d’urgence.
Quand doit-on avoir un corridor de référence à la suite d’une téléconsultation?
Le médecin qui effectue des téléconsultations, peu importe la modalité utilisée (téléphone, vidéoconférence, etc.), doit compléter sa démarche clinique avant de demander une consultation auprès d’un spécialiste. Lorsque, pour ce faire, une rencontre en présentiel avec la patiente ou le patient est requise, le médecin peut procéder lui-même à la rencontre ou utiliser un corridor de référence préalablement établi avec une ou un autre collègue.
Par exemple, si la problématique nécessite d’effectuer un examen physique ou de compléter celui qui a été réalisé lors de la téléconsultation, le médecin doit rencontrer la personne en présentiel ou la diriger vers un corridor de référence.
Il y a d’autres situations pour lesquelles un corridor de référence peut être utilisé. Par exemple, le médecin peut décider que la patiente ou le patient doit être vu en présentiel afin d’aborder un sujet délicat, d’effectuer un traitement en personne, de pallier une communication difficile en virtuel, etc. Le médecin doit aussi considérer le souhait de la patiente ou du patient d’être vu en présentiel.
Conclusion
Que la rencontre ait eu lieu en présentiel ou en virtuel, un médecin qui a complété sa démarche clinique peut demander une consultation à un homologue. Il utilise alors les canaux habituels de communication pour demander la consultation. Le corridor de référence s’applique en amont de la consultation, lorsque le médecin ayant fait une évaluation virtuelle doit compléter sa démarche clinique et qu’il est dans l’impossibilité de la poursuivre lui-même.
Code de déontologie des médecins
Art. 42 : « Le médecin doit, dans l’exercice de sa profession, tenir compte de ses capacités, de ses limites ainsi que des moyens dont il dispose. Il doit, si l’intérêt du patient l’exige, consulter un confrère, un autre professionnel ou toute personne compétente ou le diriger vers l’une de ces personnes. »
Art. 44 : « Le médecin doit exercer sa profession selon les normes médicales actuelles les plus élevées possibles; à cette fin, il doit notamment développer, parfaire et tenir à jour ses connaissances et habiletés. »
Art. 46 : « Le médecin doit élaborer son diagnostic avec la plus grande attention, en utilisant les méthodes scientifiques les plus appropriées et, si nécessaire, en recourant aux conseils les plus éclairés. »