Maladie de Lyme : une tique sous haute surveillance

Tout savoir sur la maladie de Lyme : comment s’en protéger, quoi faire en cas de piqûre et les défis qu’elle pose pour les professionnels de la santé.

L’été commence à peine qu’on enregistre plus de 70 cas de la maladie de Lyme déclarés et acquis au Québec. C’est plus que le nombre rapporté pour toute l’année 2014. C’est que la tique à pattes noires, porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi, progresse dans le sud du Québec. Cette indésirable a eu peu d’impacts sur nos habitudes de vie jusqu’à maintenant. Mais sa prolifération est un enjeu de santé publique avec lequel il faut désormais compter. Le meilleur moyen de se protéger ? La prévention des piqûres.

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Une maladie qui est là pour de bon

« La maladie de Lyme représente l’infection ayant connu la plus forte augmentation au Canada durant la dernière décennie », peut-on lire sur le site Web de la Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes de l’Université de Sherbrooke. Les travaux qui y seront menés, sous la direction du Dr Alex Carignan, permettront de mieux comprendre la maladie et d’améliorer la prise en charge des patients, en plus d’ouvrir la voie à de nouveaux traitements.

Selon l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), « le risque global de contracter la maladie de Lyme après une piqûre de tique à pattes noires est estimé à 1-3 % dans les zones à haut risque (zones endémiques), et il s’accroît notamment avec la durée de l’attachement de la tique sur la peau ». Dans la plupart des cas, le premier symptôme observé au stade précoce est l’érythème migrant (rougeur cutanée concentrique). D'autres symptômes peuvent apparaître jusqu’à 6 mois après la piqûre : neurologiques, musculosquelettiques, cardiaques et oculaires. La complication la plus fréquente en Amérique du Nord est l’arthrite de Lyme, qui peut survenir jusqu’à 1 an après la piqûre. Le ministère de la Santé et des Services sociaux précise que puisque la piqûre n’est pas toujours détectée et que l’érythème migrant n’est pas toujours présent, le délai entre l’acquisition de la maladie de Lyme et l’apparition des premiers symptômes complique le diagnostic et le traitement.

Car si une piqûre de tique à pattes noires n’est pas automatiquement synonyme de maladie de Lyme, l’absence de piqûre vous en préserve à 100 %.

Bien qu’il soit maintenant possible d’anticiper l’ampleur des nouveaux territoires que la tique à pattes noires pourrait coloniser dans les 10 ou 20 prochaines années, la prévalence de la maladie (nombre de cas déclarés pour une population humaine donnée) est plus difficile à prévoir parce qu’elle est toujours en progression. Une chose est sûre, les chiffres démontrent que plus il y a de tiques de l’espèce Ixodes scapulaires sur un territoire donné, plus il y a de cas de maladie de Lyme. D’ailleurs, dans les zones endémiques, on estime que jusqu’à 50 % d’entre elles sont infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi responsable de la maladie de Lyme.

Mais comment savoir où sont les foyers d’implantation de cette tique, jusqu’où la mènera sa migration vers le nord, quels sont les autres pathogènes qu’elle pourrait transmettre à l’humain? Ce ne sont là que quelques-unes des questions qui occupent les autorités de santé publique, l’objectif étant de mieux comprendre la localisation des tiques infectées pour pouvoir prévenir la maladie. Car si une piqûre de tique à pattes noires n’est pas automatiquement synonyme de maladie de Lyme, l’absence de piqûre vous en préserve à 100 %.

Consultez ces tableaux du MSSS :

En cas de piqûre, avant ou après l’apparition de symptômes

La tique à pattes noires est minuscule et sa piqûre, parce qu’elle est indolore, peut passer inaperçue. De plus, les premiers symptômes de la maladie de Lyme peuvent mettre jusqu’à 30 jours pour apparaître. Or, on sait aujourd’hui qu’un diagnostic précoce et une prise en charge rapide peuvent éviter les complications de la maladie.

Si vous n’avez pas eu connaissance d’une piqûre, mais que vous observez l’un ou l’autre des symptômes les plus fréquents de la maladie de Lyme, consultez votre médecin dès que possible, plus particulièrement si vous habitez ou avez fréquenté une zone endémique.

Si vous voyez une tique attachée à votre peau, vous devez la retirer sans attendre au moyen d’une petite pince, sans presser son abdomen. Si vous le pouvez, déposez-la dans un contenant ou un sac hermétique que vous apporterez lors de votre rendez-vous médical. Nettoyez ensuite la plaie et vos mains à l’eau savonneuse. Notez la date et le lieu où vous étiez lors de la piqûre.

Si vous êtes certain que la tique n’est pas restée plus de 36 heures sur votre peau, le risque de développer la maladie de Lyme est relativement faible. Toutefois, si vous avez des doutes ou des inquiétudes, prenez rendez-vous avec votre médecin ou appelez Info-Santé 811. Vous serez dirigé vers la ressource la plus appropriée.

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Une surveillance tous azimuts

Au Québec, l’intérêt scientifique pour la tique à pattes noires a suivi une courbe ascendante avec une intensification de la collecte et de l’analyse des données à partir de 2015, quelques années après que la maladie de Lyme ait fait son entrée dans le groupe des maladies à déclaration obligatoire (MADO).

Surveiller les populations de tiques à pattes noires sur un territoire aussi vaste que le Québec est un processus complexe. Sur le plan logistique, il est impossible de déployer des équipes de terrain dans l’ensemble de la province. C’est pourquoi l’INSPQ compte sur des données de diverses provenances qui sont éventuellement mises en relation.

L’Institut collige et analyse des informations et spécimens de tiques provenant de trois types de surveillance : la surveillance humaine (cas humains déclarés dans la base de données MADO), la surveillance passive (spécimens de tique ayant piqué un individu ou un animal et envoyés au Laboratoire de santé publique du Québec sur une base volontaire par les médecins et les vétérinaires) et la surveillance active (tiques collectées dans l’environnement par la méthode de la flanelle).

Toutes ces données permettent, entre autres, d’estimer la densité des populations de tiques dans des secteurs donnés, la proportion de tiques Ixodes scapularis par rapport aux autres espèces présentes et la proportion d’Ixodes scapularis infectées par divers pathogènes dont Borrelia burgdorferi. L’analyse des données sur les cas humains permet notamment de déterminer si certains groupes d’âge sont plus à risque et de produire des statistiques sur les manifestations cliniques de la maladie.

Par exemple, on sait aujourd’hui que dans près de 80 % des cas, la maladie se manifeste par un érythème migrant, des douleurs arthritiques (18 % des cas) et des symptômes neurologiques (8 % des cas). Aussi, grâce aux résultats de la surveillance pour l’année 2023, on sait que parmi les 653 cas déclarés de maladie de Lyme, 86 % des personnes atteintes ont été piquées au Québec. Enfin, à la suite de la requalification des zones endémiques entrée en vigueur en 2023, on a identifié 461 municipalités qui présentent un risque significatif d’acquisition de la maladie de Lyme.

« Une fois que l’on connaît les bonnes habitudes à adopter dans ces secteurs, il est possible de profiter des bienfaits du contact avec la nature sans être paralysé par la peur. »
Karine Thivierge, spécialiste clinique en biologie médicale et responsable de la parasitologie et des maladies transmises par les tiques au Laboratoire de santé publique du Québec

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Vous craignez une piqûre de tique? Pas de panique!

Connaître les habitudes des tiques et adapter les nôtres est une bonne stratégie pour prévenir les piqûres et la maladie. La période d’activité des tiques s’échelonne sur plusieurs mois, tant et aussi longtemps que les températures se maintiennent au-dessus des 4 degrés Celsius. Les printemps hâtifs et les hivers tardifs leur sont favorables.

Comme les malaimés moustiques, la tique pique pour se nourrir. Elle a faim dès sa naissance, mais c’est au stade de nymphe puis dans sa forme adulte qu’elle présente un risque de piqûre pour l’humain. La tique ne saute pas et ne vole pas, mais c’est une championne de l’accrochage. Sa technique est simple : cachée dans un amas de feuilles mortes, dans des herbes hautes ou des buissons, elle attend tout bonnement que sa source de nourriture la frôle et le tour est joué.

Pour vous protéger, repérez d’abord les zones endémiques. Si vous y habitez ou prévoyez d’y séjourner à des fins récréatives ou professionnelles, les conseils suivants pourraient vous éviter bien des ennuis. « Une fois que l’on connaît les bonnes habitudes à adopter dans ces secteurs, il est possible de profiter des bienfaits du contact avec la nature sans être paralysé par la peur », explique Karine Thivierge, spécialiste clinique en biologie médicale et responsable de la parasitologie et des maladies transmises par les tiques au Laboratoire de santé publique du Québec.

  • Portez des vêtements longs de couleur claire et des souliers fermés. Ne laissez pas vos chevilles et vos bras ou votre dos à découvert, surtout en forêt;
  • Portez des vêtements traités à la perméthrine;
  • Munissez-vous d’un chasse-moustique à base de DEET ou d’icaridine et suivez les conseils d’utilisation des fabricants;
  • Préférez les sentiers aménagés;
  • Au retour d’une activité extérieure, prenez un bain ou une douche et examinez tout votre corps et celui de vos tout-petits;
  • Examinez votre équipement;
  • Si vous détectez des tiques sur vos vêtements une fois à l’intérieur, placez-les dans la sécheuse à température élevée pendant 30 minutes puis procédez à un lavage comme vous le faites habituellement.

Si vous habitez dans l’une ou l’autre des zones endémiques, vos animaux de compagnie qui se promènent librement dans la nature peuvent ramener des tiques à la maison. Toutes les tiques ne sont pas nécessairement infectées, mais lorsque c’est le cas, la bactérie Borrelia burgdorferi fait aussi son entrée chez vous.

Comme pour les humains, une inspection de votre animal après une balade hors sentier s’impose de même que le retrait des tiques que vous pourriez trouver. Les précautions d’usage lors du détachement de la tique s’appliquent. Si votre animal présente des signes de la maladie (fièvre, léthargie), communiquez avec votre vétérinaire. Si votre animal a facilement accès à la forêt, à des boisés ou à de hautes herbes, informez-vous sur les produits offerts pour le protéger.


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Pour aller plus loin

Pour les professionnels de la santé
Bloc technique

Recherche, rédaction et révision linguistique : CMQ
Révision scientifique : Karine Thivierge et Kirsten Crandall, INSPQ

Références principales

Institut national de la santé publique du Québec
Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec
Agence de la santé publique du Canada

Article publié le 8 juillet 2024