Télémédecine : démarche clinique et nouvelle norme
La télémédecine est utile et bénéfique lorsqu'elle s'accompagne d'une démarche clinique permettant de préserver la qualité des soins offerts à la patientèle.
Le Collège des médecins du Québec (le Collège) appuie l’utilisation judicieuse de la télémédecine, mais constate que celle-ci a des limites et qu’elle a parfois engendré certaines dérives dans la qualité des soins offerts à la patientèle.
Ainsi, des ordonnances ont été émises par des médecins sans que ceux-ci aient effectué une démarche clinique rigoureuse. Par exemple : prescrire un médicament en se fiant uniquement à quelques informations fournies par une patiente ou un patient sur un questionnaire en ligne; requérir des tests de laboratoire à la demande des patientes et patients sans que ceux-ci soient cliniquement indiqués; effectuer une demande de consultation en médecine spécialisée sans avoir fait une évaluation pertinente, incluant les examens physiques nécessaires, etc.
L’utilisation de la télémédecine ne modifie pas la nécessité d’effectuer une démarche clinique pertinente : elle ne justifie pas l’omission d’une évaluation appropriée d’une patiente ou d’un patient.
Évaluation clinique
Avant de prescrire un traitement à une patiente ou à un patient, des examens complémentaires ou une consultation avec une ou un autre professionnel de la santé, le médecin doit d’abord l’évaluer adéquatement. Cette évaluation doit comprendre un échange avec la patiente ou le patient afin de préciser ses symptômes et permettre au médecin d’élaborer un diagnostic différentiel pertinent. La réalisation, si nécessaire, d’un examen objectif (physique et/ou mental) et la demande d’examens complémentaires permettront par la suite de préciser le diagnostic. Cette démarche clinique permettra au médecin de prescrire les traitements les plus adaptés à la situation de la personne qui le consulte et de prévoir le suivi approprié. Si l’utilisation de la télémédecine ne permet pas au médecin d’effectuer une démarche clinique adéquate, une rencontre en présentiel est nécessaire.
L’évaluation médicale effectuée sur certains sites Web se limite à vérifier que la patiente ou le patient souhaite un médicament et à s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indication à la prise de celui-ci : ces informations sont tout à fait insuffisantes pour être considérées comme une démarche clinique adéquate. Avant de prescrire un médicament, le médecin doit toujours s’assurer qu’il est indiqué pour la condition de la patiente ou du patient, qu’il a discuté avec elle ou lui des alternatives de traitement possibles et qu’il a obtenu un consentement éclairé pour ce traitement.
Le même principe s’applique lorsqu’une patiente, un patient ou une compagnie demande à un médecin de signer une ordonnance pour que celle-ci soit valide ou remboursée au Québec. Avant de la signer, le médecin doit évaluer adéquatement la personne et obtenir son consentement en lien avec le traitement ou l’examen complémentaire requis.
Afin d’assurer la sécurité du public, le Collège recommande qu’un médecin ne prescrive pas une médication, un traitement non pharmacologique, un test ou une demande de consultation à une patiente ou un patient en se fiant uniquement à des informations reçues de cette personne par courriel, texto, envoi postal, fax ou par la complétion d’un formulaire en ligne en l’absence d’une relation thérapeutique déjà établie avec celle-ci. Sans une relation déjà établie, un échange d’information entre le médecin et la patiente ou le patient est nécessaire pour compléter une démarche clinique adéquate.
À noter
Cet avis n’a pas pour but de limiter l’accès aux médicaments dans des contextes de santé publique, tels que le traitement des partenaires des personnes avec ITSS.
Peu importe son lieu de travail (GMF, milieu hospitalier, CLSC, CHSLD, compagnie de télémédecine, etc.), un médecin qui effectue une téléconsultation doit avoir à sa disposition un corridor de référence vers lequel il pourra diriger sa patiente ou son patient si une rencontre en présentiel est nécessaire et qu’il ne peut lui-même l’effectuer. Par exemple : il est inadéquat de référer une patiente ou un patient en médecine spécialisée sans avoir effectué d’examen physique pertinent en raison d’une absence de rencontre en présentiel.
Pour plus de précisions, consultez :
Mise à jour de la page : 7 décembre 2023