Sondage SOM-CMQ : le public se tourne vers le privé faute d’accès aux soins

Lisez le mot du président du 28 mars 2025

En 2022, le CMQ a mené un vaste sondage auprès du grand public et des médecins, lui aussi de concert avec la firme SOM. Il en était alors ressorti que l’accès complexe aux soins amenait 40 % des personnes répondantes à ne pas consulter, même si elles en ressentaient le besoin. La population du Québec associait le réseau public à une certaine lourdeur et le percevait négativement, au point de ne pas se tourner vers lui, même en cas de besoin. Et le Collège des médecins, à titre d’ordre professionnel à vocation médicale, commençait à craindre pour la santé globale de la population québécoise…

Trois ans plus tard, toujours avec SOM, nous avons refait l’exercice. Constat général : la situation, loin de s’améliorer, semble se dégrader. En raison des difficultés d’accès au réseau de la santé, un nombre grandissant de personnes se convainc de ne pas consulter un médecin. Même les praticiens interrogés admettent, en très grande majorité, qu’il est difficile d’obtenir un rendez-vous médical, et plus encore d’être vu dans un délai raisonnable quand une situation d’urgence se présente.

Les données compilées du sondage SOM-CMQ 2025

Le sondage en ligne a été réalisé entre le 28 février et le 10 mars 2025 auprès de 1 031 personnes répondantes et de 1 256  médecins. Les données ont été pondérées pour s’assurer d’une bonne représentativité en fonction du genre, de la langue maternelle, du plus haut diplôme obtenu, de la taille du ménage, du statut de propriété ainsi que de la région habitée par les gens sondés. La marge d’erreur est de 3,6 % à un niveau de confiance de 95 %.

Voici donc, en résumé, pour le volet des répondants du public, ce que vous avez confié à nos sondeurs :

  • 54 % d’entre vous ont connu un souci de santé au cours de la dernière année, mais vous vous êtes privés de consulter même si vous auriez aimé le faire.
  • Cette abstention est attribuable à votre incapacité à obtenir un rendez-vous médical (29 %) ou à votre anticipation de délais trop longs (21 %).
  • 81 % d’entre vous estiment qu’il est difficile d’obtenir une consultation médicale sans rendez-vous, ce que les médecins confirment dans une proportion de 82 %.
  • À 62 %, vous estimez qu’il vous est difficile d’accéder à des soins de santé en urgence, une proportion qui baisse à 40 % chez les médecins.
  • Pour ce qui est des consultations chez un médecin de famille, vous êtes 65 % à les estimer difficiles à obtenir, alors que les médecins, plus pessimistes, sont à 86 % de cet avis.
  • Plus d’1 personne sur 4 (26 %), parmi vous, a consulté un médecin au privé ces derniers mois, comparativement à 14 % en 2022.
  • Plus d’1 personne sur 2 (58 %), parmi vous, dit trouver difficile de savoir vers quelle ressource se tourner en fonction du problème de santé ressenti ou de la situation médicale vécue.
  • Du côté des pistes de solutions envisagées, vous êtes largement en faveur d’une participation accrue des professionnels de la santé – autres que médecins – dans le réseau public (76 %).

Vous pouvez accéder à l’intégralité du sondage SOM-CMQ 2025.

Se tourner vers les cliniques privées

Faute d’arriver à se tourner vers des professionnels de la santé dans le réseau public, le recours au privé devient de plus en plus marqué chez un large pan de la population. Trop de gens, au Québec, se voient contraints de se serrer la ceinture pour se payer une chirurgie longtemps attendue et recouvrer enfin une certaine qualité de vie.

C’est un constat préoccupant qui place le Québec à la croisée des chemins. Une médecine à deux vitesses est dangereusement en train de s’installer, chez nous. En tenant compte des expériences et enseignements des pays qui ont emprunté cette voie, il faut que des gestes probants soient rapidement posés pour que notre régime universel continue de dispenser gratuitement des soins de santé de qualité à tous ceux et celles qui en ont besoin. Et pour y parvenir, l’organisation du réseau doit être optimisée et le secteur privé, mieux encadré, comme en font foi les principes directeurs sur la place du privé en santé que le CMQ a énoncés en novembre dernier.

Votre opinion nous intéresse

Que pensez-vous des résultats du sondage? Vous étonnent-ils? Vous découragent-ils? Avez-vous déjà renoncé à consulter faute d’avoir aisément accès aux services médicaux dont vous auriez eu besoin? Partagez votre expérience dans la section Prenez parole! de votre InfoCMQ. Nous avons hâte de vous lire!

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en veillant à une médecine de qualité.