Pour des soins humains et bienveillants
Lisez le mot du président du 31 janvier 2025.
En début de semaine, Radio-Canada nous faisait part d’une situation préoccupante qui avait cours au CHU de Québec : sauf en de rares exceptions, les patientes de l’Hôpital du Saint-Sacrement, soumises à de la chimiothérapie pour un cancer du sein, n’avaient pas la possibilité de se faire accompagner par un proche, sinon seulement lors de leur tout premier traitement.
Depuis, l’établissement a fait volte-face : d’ici la fin février 2025, il s’est engagé à ce que toutes les patientes puissent compter sur la présence et le soutien d’un proche, d’un bout à l’autre de leur chimiothérapie.
Nous saluons ce changement de cap et suivrons de près la démarche de recensement entreprise dans la foulée par Santé Québec afin d’identifier, sur tout le territoire québécois, les autres hôpitaux où il est refusé, aux aidants, l’accompagnement de leurs proches en traitement.
En quête de bienveillance
Recevoir un diagnostic de cancer du sein est à coup sûr confrontant. Quand, en plus, une femme doit faire cavalière seule pour subir la chimiothérapie qui pourrait mettre sa maladie K.-O., c’est carrément déroutant. Car ce type de traitement est long, ardu et s’accompagne d’une kyrielle d’effets secondaires propices au découragement.
La chaleur humaine et le réconfort que permettent d’apporter les proches, en de telles circonstances, ne devraient jamais être balayés du revers de la main. Autrement, la solitude, l’angoisse et le désarroi gagnent du terrain, ce qui ne sert personne : ni le rétablissement de la patiente, ni son équipe soignante, ni l’établissement qui l’accueille.
En analysant les pratiques actuelles dans les hôpitaux, Santé Québec dit vouloir réitérer l’importance de l’accompagnement des patients. C’est un pas dans la bonne direction que le CMQ salue. Il faut maintenant que cet accompagnement se concrétise aux quatre coins du territoire. Accessibilité et humanité doivent aller de pair.
Des façons de faire trop mécaniques
L’automne dernier, le Protecteur du citoyen dénonçait un manque d’humanité observé à de multiples reprises dans le milieu québécois de la santé. Même chose pour la coroner Julie-Kim Godin, dans son rapport sur le suicide de la jeune Amélie Champagne.
Plusieurs journalistes ont abordé le sujet dans leurs éditoriaux et analyses, dont Josée Boileau dans le Journal de Montréal et Nathalie Collard dans La Presse. Cette dernière a même signé un billet, en octobre 2024, dans lequel elle donnait la parole à plusieurs experts, dont Monique Lanoix, directrice de l’École d’éthique, de justice sociale et de service public de l’Université Saint-Paul, à Ottawa.
« On dirait qu’on n’a pas appris de la pandémie. On met des structures en place pour être plus efficace, mais on ne parle jamais de la structure des soins ».
C’est tristement vrai et ça porte à réfléchir…
Humaniser les soins pour le bien de tous
Vous le savez et l’expérimentez quotidiennement dans votre pratique : soigner, c’est bien sûr donner des soins, mais plus encore, c’est prendre soin des gens. Jamais la configuration de locaux hospitaliers, le manque d’espace et une quelconque pénurie de ressources ne devraient entraver cette considération humaine.
Les personnes malades, déjà vulnérables, n’ont pas à faire en plus les frais de pratiques dépourvues de toute bienveillance.
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Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec
Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en veillant à une médecine de qualité.