Nos finalistes en lumière: la Dre Marie-Ève Goyer en 5 questions
1. Pourquoi souhaitiez-vous devenir médecin?
J'ai toujours senti que ma mission était d'aider et d’aimer les gens, d'abord et avant tout ceux qui sont exclus. Je pense en particulier aux personnes qui sont aux prises avec une dépendance ou qui se retrouvent en situation d'itinérance, ici et ailleurs dans le monde. Je souhaite aider les personnes marginalisées, mais aussi transformer la médecine et la société, afin de mieux prendre soin des populations les plus vulnérables.

2. Quel est le souvenir le plus marquant de vos études en médecine?
Il y en a plusieurs… Entre autres, je me souviens de ces moments où, avec ma meilleure amie Maude Lemieux, aujourd'hui psychiatre à Québec, nous nous rendions sur une unité de type NSA [niveau de soins alternatifs] en gériatrie au CHUL. Nous y organisions plein d'activités pour les personnes atteintes de démence : des spectacles de musique, des sorties... C'était beau de voir la réaction de ces personnes et de constater que la notion de soigner est beaucoup plus large qu'on le croit. Je me sentais utile et nourrie.
3. À quoi ressemble une de vos journées typiques au travail?
Je n'ai pas de journée typique, et c'est ce que j'aime de la médecine familiale. J'ai des journées de clinique en dépendance, d’autres où j'enseigne à l'université, d'autres où je travaille avec l’équipe de soutien clinique et organisationnel en dépendance et itinérance que j'ai créée. À d’autres moments, je conseille le ministère de la Santé et des Services sociaux sur des enjeux en dépendance et itinérance, ou encore j'enseigne la pleine conscience aux étudiants en médecine. À l’occasion, je me rends, avec Médecins du Monde, dans des pays à faible revenu. J'adore cette diversité.

4. Quand vous n’exercez pas la médecine, qu’aimez-vous faire?
J’aime lire des ouvrages portant sur la pleine conscience et le développement spirituel. Je pratique également le yoga, je médite, et j’aime bien refaire le monde avec des amis. En somme, j’essaie de devenir une meilleure personne.

5. Quel est l’accomplissement dont vous êtes la plus fière?
Je suis fière d'avoir pu contribuer à rendre la pratique auprès des populations les plus vulnérables et marginalisées du Québec attrayante pour les nouveaux médecins, et à la démystifier pour ceux déjà en exercice. Que ce soit par l'enseignement à l'Université de Montréal, par les ateliers que je donne au Collège des médecins, ou par la création de l'équipe de soutien clinique et organisationnel en dépendance et en itinérance, ces mesures viennent démocratiser et soutenir l'excellence de la pratique médicale auprès de ces populations souvent très mal desservies.
De plus, je pense être parvenue à instaurer un nouveau rapport avec cette patientèle, une nouvelle façon d'entrer en relation thérapeutique, loin du paternalisme et de la coercition, en misant plutôt sur le respect de l'autonomie, la connexion et l’être-ensemble.

3 choses à savoir à son sujet
- Œuvrant en milieu urbain auprès de populations marginalisées, la Dre Goyer a participé à des projets novateurs, dont l’implantation de la première clinique médicale mobile de Montréal pour les personnes en situation d’itinérance et la création d’une clinique pour les personnes migrantes à statut précaire.
- Très engagée dans le traitement de la dépendance aux drogues, elle a contribué à l’implantation de services d’injection supervisée et au déploiement de la naloxone communautaire, un antidote sécuritaire en cas de surdose.
- À l’international, elle est bénévole pour l’organisme Médecins du Monde, avec qui elle a effectué des missions humanitaires au Mali, en Birmanie, au Kenya, en Tanzanie, à Haïti et en Ukraine.

Marie-Ève Goyer, M.D.,
Médecin de famille
La Dre Goyer est finaliste dans la catégorie Humanisme des Distinctions du Collège.