2e rapport de tournée des pôles en santé
- L’application unilatérale de quotas administratifs, qui font abstraction de la géographie et de la démographie, prive des établissements de ressources et affecte directement l’accès aux soins;
- Il existe une grande fatigue et de la détresse, mais aussi beaucoup de résilience, tant chez les médecins que chez les résidents;
- Les gestionnaires peinent à solutionner la problématique du grand nombre de lits occupés par des patients aux niveaux de soins alternatifs (NSA) qui ne nécessitent pas d’hospitalisation parce qu’on ne dispose pas de places en hébergement.
Le Collège des médecins du Québec (CMQ) rend public le second rapport de sa tournée des pôles en santé et constate que des problèmes relevés dans son premier rapport, publié en mars 2023, sont présents partout sur le territoire : iniquité d’accès d’une région à l’autre, asymétrie dans l’offre de soins, ennuis de rétention du personnel soignant (souvent en raison du déficit d’entretien des infrastructures, de leur vétusté ou du manque d’accès aux équipements), détresse des professionnels et enjeux administratifs.
Plus précisément, cette récente tournée a permis de visiter l’Hôpital de Kuujjuaq, dans le Nord-du-Québec; l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal; l’Hôpital de Gaspé, en Gaspésie; l’Hôpital de l’Archipel, aux Îles-de-la-Madeleine; l’Hôtel-Dieu de Lévis et son Pavillon d’enseignement de la médecine; l’Hôpital Le Royer, à Baie-Comeau; de même que le Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine, à Montréal.
Ces 2 tournées ont permis d’aller rencontrer, sur le terrain, des comités d’usagers, des résidents et des médecins, des chefs de départements, des membres des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) et des gestionnaires d’établissements afin de prendre la pleine mesure des défis quotidiens rencontrés par chacun de ces groupes.
Le présent rapport d’une trentaine de pages nomme les enjeux auxquels sont confrontés les gestionnaires et le personnel des établissements visités, met en évidence les problématiques constatées sur le terrain et note les solutions créatives mises de l’avant pour les pallier.
10 constats
- Les normes et les quotas imposés de manière uniforme défavorisent les régions éloignées.
- La réalité des soins et des soignants dans le Grand Nord est hors du commun.
- L’attraction et la rétention du personnel sont difficiles partout : l’exode vers le privé n’aide en rien, pas plus que la vétusté des établissements et des équipements.
- Le poids des tâches administratives pèse sur tous et contribue à la grande fatigue ainsi qu’à la détresse des médecins.
- Les résidents en médecine vivent aussi de la détresse et se disent traités comme des membres du personnel plutôt que comme des apprenants.
- Les comités d’usagers veulent être entendus et faire partie de la solution.
- L’accès aux soins est difficile partout et la qualité des soins est compromise par endroits.
- Trop de patients aux niveaux de soins alternatifs (NSA) bloquent des lits d’hospitalisation, faute de places en hébergement.
- L’offre de soins à domicile varie grandement d’une région à l’autre.
- Les comités d’usagers ne se sentent pas toujours écoutés alors qu’ils pourraient contribuer aux solutions à bien des égards.
« Cette deuxième tournée renforce les constats de la première. Les médecins doivent être mieux soutenus pour bien soigner la population québécoise et assumer leur responsabilité sociale envers les personnes du territoire qu’ils desservent. Les administrateurs doivent obtenir les ressources requises par leur réalité, tant démographique que géographique, sans constamment devoir se soumettre à des quotas bureaucratiques. Quant à la population et aux soignants du Grand Nord, ils sont les premiers à ne plus devoir écoper des quotas administratifs »
- Dr Mauril Gaudreault, président du CMQ.
Pour en savoir davantage sur les enjeux propres à chaque établissement :