Bandelettes sous-urétrales

Définition

Une bandelette sous-urétrale est un petit treillis de polypropylène (ressemble à un filet) utilisé en chirurgie pour corriger l’incontinence urinaire à l’effort, un type de fuite qui se produit pendant une activité comme le rire, la toux ou l’exercice. La bandelette sous-urétrale est mise en place pour prévenir ou réduire considérablement les pertes d'urine pendant ces activités. La bandelette reste dans le corps de façon permanente.

Contexte et mandat

Les bandelettes sous-urétrales sont commercialisées et recommandées par les médecins depuis une vingtaine d’années pour traiter l’incontinence urinaire à l’effort de la femme. Au moment de leur mise en marché, elles ont été considérées comme étant la méthode à privilégier pour le traitement de l’incontinence urinaire, en raison de la simplicité de l’intervention visant à la mettre en place, lorsque comparée aux méthodes antérieures (notamment la colposuspension de Burch).

Bien que la mise en place d’une bandelette sous-urétrale soit perçue comme une solution simple et efficace au problème d’incontinence à l’effort pour la grande majorité des femmes chez qui ce dispositif médical a été mis en place, environ 10 % des femmes éprouveraient des effets indésirables dont les principaux sont la douleur pelvienne, la perte de fonctionnalité des membres inférieurs et l’érosion de la paroi vaginale. La qualité de vie et la santé de ces femmes se trouvent, dans certains cas, grandement compromises.

Avis de Santé Canada

Dès 2010, Santé Canada émettait un avis à l’intention des hôpitaux au sujet des complications associées à l’implantation transvaginale de treillis chirurgical dans le traitement de l’incontinence urinaire à l’effort et du prolapsus des organes pelviens.

L’émission Enquête

En mars 2019, l’émission Enquête de Radio-Canada a diffusé un reportage sur le cas d’une patiente, Mme Cynthia Gagné, aux prises avec des effets indésirables importants à la suite de la mise en place d’une bandelette sous-urétrale. Le reportage faisait état de l’avis de deux urologues québécois quant à l’approche à privilégier pour solutionner les problèmes de Mme Gagné.

Recours collectifs

Il faut également mentionner le nombre relativement important de recours collectifs intentés un peu partout dans le monde contre les compagnies ayant commercialisé l’un ou l’autre des modèles de bandelette sous-urétrale, et le fait que ces recours collectifs sont soit en cours, soit conclus au détriment des compagnies poursuivies.

Attentes des patientes envers le Collège

Les patientes concernées demandent au Collège de les prendre au sérieux, de faire des recommandations à ses membres pour que ceux-ci s’assurent d’obtenir un consentement éclairé préalablement à la mise en place d'une bandelette, et d’identifier les experts pouvant leur retirer les bandelettes en toute sécurité.

Elles demandent également que le Collège intervienne auprès de la RAMQ pour rembourser, du moins en partie, les femmes qui ont fait le choix de se faire opérer aux États-Unis. Ces femmes seraient actuellement plus d’une quarantaine.

Mandat des enquêteurs

Le 21 novembre 2019, conformément aux dispositions des articles 16 à 18 de la Loi médicale, le comité des requêtes du Collège a mandaté le docteur Yves Robert pour faire enquête sur les effets indésirables liés à la mise en place d’une bandelette sous-urétrale, et, particulièrement :

  • de définir, avec l’aide de certaines patientes, la nature des problèmes de santé ressentis;
  • d’effectuer une revue de littérature sur l’état des connaissances scientifiques à ce sujet;
  • de consulter tout expert dans le domaine afin de dégager les meilleurs traitements actuellement disponibles;
  • d’établir un modèle d’évaluation et de prise en charge des patientes présentant des effets indésirables à la suite de la mise en place d’une bandelette sous-urétrale;
  • de mobiliser les acteurs nécessaires à la mise en place des conditions permettant d’organiser et d’offrir des services d’évaluation et de prise en charge aux patientes concernées;
  • d’émettre toute recommandation nécessaire pour la prévention des effets indésirables liés à la mise en place d’une bandelette sous-urétrale et pour la prise en charge future des patientes concernées;
  • de formuler l’information standardisée requise afin d’obtenir le consentement libre et éclairé des patientes avant la pose de bandelettes urétrales;
  • de lui faire rapport dans les meilleurs délais.
Résultats de l'enquête menée par le Collège

Retrait de bandelettes d’incontinence urinaire à l’extérieur du Québec

En décembre 2020, le Collège des médecins du Québec a publié un avis qui saluait la décision du gouvernement québécois de donner suite à ses recommandations de créer des centres d’expertise au Québec et d’indemniser les femmes ayant subi le retrait radical d’une bandelette sous-urétrale à l’extérieur de la province au cours des deux dernières années. Le Collège accueille favorablement également la mise sur pied d’un registre provincial permanent des bandelettes sous-urétrales installées. Dans un rapport d’enquête déposé en juin dernier, le Collège des médecins formulait ces demandes au ministère de la Santé et des Services sociaux, ainsi qu’une série de recommandations bien concrètes.

Plus de 400 témoignages entendus par le Collège

En 2020, le Collège des médecins a réalisé une enquête dans la foulée des reportages de l’émission Enquête, diffusés à Radio-Canada, qui relataient que des centaines de Québécoises subissaient des effets secondaires importants liés à l’implantation de ce dispositif médical. Plus de 400 femmes ont fait part de leur histoire aux enquêteurs du Collège. Dans son rapport, le Collège a formulé 17 recommandations visant à assurer aux femmes subissant des complications une évaluation standardisée de leur état ainsi qu’une meilleure prise en charge par le réseau de la santé, partout au Québec.

« La création des centres d’expertise dans la province est une bonne nouvelle pour les Québécoises. Je suis heureux que les femmes ayant choisi de subir une opération à l’extérieur de la province obtiennent une compensation financière et que celles qui devront se faire retirer leur bandelette dans le futur aient désormais accès, dès janvier, à des centres d’expertise au Québec. La préoccupation première du Collège est de s’assurer que les femmes qui sont aux prises avec des complications reçoivent des soins de qualité, ici même au Québec. Enfin, je remercie vivement toutes les patientes qui ont participé à notre enquête. Leurs précieux témoignages ont permis cette avancée », a affirmé le Dr Mauril Gaudreault, président du Collège des médecins du Québec.