Sondage du Collège des médecins du Québec
Les médecins et la population estiment que les Québécoises et les Québécois sont privés d’un accès au réseau de la santé dans un délai raisonnable.
Le Collège des médecins du Québec (CMQ) a récemment mandaté la firme SOM pour mener un sondage double, auprès des médecins québécois et de la population, sur l’accès aux soins de santé. Selon les résultats obtenus, les deux groupes sondés estiment que la population québécoise est privée d’un accès au réseau de la santé dans un délai raisonnable. Ils considèrent qu’il est difficile de s’orienter dans le réseau de la santé et d’obtenir une consultation, avec ou sans rendez-vous.
Perception actuelle de l’accès aux soins
Le grand public partage largement l’opinion des médecins sur l’accès au réseau de la santé, la grande majorité des répondants estimant qu’il est difficile d’obtenir un rendez-vous, tant avec un médecin spécialiste (86 %) qu’avec un médecin de famille (67 %).
En ce qui concerne les autres professionnels de la santé, la majorité des médecins (82 %) et la moitié de la population (50 %) affirment que les psychologues sont les professionnels les plus difficiles d’accès dans le réseau public.
Sur le plan de la collaboration intraprofessionnelle, la population (37 %) se montre un peu plus critique que les médecins (23 %) en ce qui a trait à la qualité de la collaboration entre médecins de famille et médecins d’une autre spécialité. Par ailleurs, à l’instar des médecins (58 %), la population (40 %) jette un œil critique sur la continuité des soins de santé dans le réseau public.
Questionnés quant à l’origine des problèmes liés à la collaboration et à la continuité des soins, les deux groupes partagent aussi la même opinion et jugent qu’ils sont principalement dus à des enjeux de communication et à la lourdeur administrative du réseau de la santé.
Consultations et délais
Au cours des douze derniers mois, environ les trois quarts des Québécoises et des Québécois ont consulté un professionnel de la santé. Les examens médicaux périodiques représentent le principal motif de consultation sur le plan individuel (55 %), suivi des problèmes de santé ponctuels ou chroniques (40 %). Le sondage révèle que le taux de consultation en lien avec la santé mentale a été environ le double chez les jeunes de 18 à 24 ans (39 % - premier motif de consultation) par rapport à l’ensemble de la population (18 % - cinquième motif de consultation).
Près de 25 % de la population a éprouvé de la difficulté à savoir où s’adresser dans le cas de leur consultation la plus récente et 30 % des Québécoises et des Québécois ont dû attendre au moins deux semaines avant d’obtenir une consultation. Quant au lieu, la majorité des répondants ont obtenu une consultation dans une clinique médicale (60 %), alors que 11 % des répondants ont indiqué avoir rencontré, en premier lieu, un professionnel à l’urgence. De plus, 76 % des Québécoises et des Québécois ont rencontré en personne un professionnel de la santé, alors que près du quart des consultations se sont déroulées par téléphone (21 %).
Le sondage rapporte également qu’au cours des douze derniers mois, quatre personnes sur dix ont ressenti le besoin de consulter un professionnel de la santé, pour elles ou pour un membre de leur entourage, mais ne l’ont pas fait en raison de l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous après avoir essayé (29 %) ou parce qu’elles avaient l’impression que le délai serait trop long (21 %). En revanche, les Québécoises et les Québécois qui ont obtenu une consultation s’en disent généralement satisfaits (85 %). Les principaux motifs d’insatisfaction, le cas échéant, sont relatifs au fait que le problème de santé n’a pas été résolu, à l’importance des délais ou à l’absence d’une réelle prise en charge.
Solutions pour améliorer l’accès aux soins
Le coup de sonde du Collège révèle que, pour 83 % des médecins, l’accessibilité accrue à d’autres professionnels de la santé dans le parcours de soins des patients au sein du réseau public constitue la principale solution pour améliorer l’accès aux soins. Une grande proportion de médecins (78 %) croit également qu’un meilleur partage d’information au sujet des patients entre professionnels de la santé est une solution à envisager.
Les données recueillies au sein de la population font état de solutions similaires. Les gens estiment qu’il doit y avoir avant tout un meilleur partage d’information au sujet des patients entre les différents professionnels de la santé (74 %) de même qu’un recours accru aux autres professionnels de la santé dans le parcours de soins (70 %). D’ailleurs, une grande majorité de Québécoises et de Québécois (90 %) sont ouverts à être pris en charge par un professionnel de la santé autre qu’un médecin.
« En tant qu’ordre professionnel ayant comme mission première la protection du public, le Collège est préoccupé par les problèmes d’accessibilité aux médecins, notamment aux médecins de famille. Nous constatons aussi que de plus en plus de médecins prennent leur retraite chaque année. C’est la raison pour laquelle le Collège a mis sur pied, l’an dernier, un chantier qui a comme objectif d’améliorer l’accès à un médecin et la fluidité des suivis lors de la cessation d’exercice. Comme en témoignent les résultats du sondage, les défis sont énormes pour améliorer la situation actuelle et il faut continuer de prôner l’inclusion d’autres professionnels de la santé, aux côtés des médecins de famille, pour élargir l’accès à la première ligne. » - Dr Mauril Gaudreault, président du CMQ
Méthodologie
Sondage auprès des médecins
Le sondage en ligne s’est déroulé du 25 mars au 4 avril 2022 et 2 675 membres du Collège y ont participé, ce qui représente un taux de réponse de 11 %. Les résultats de l’étude ont été pondérés afin de s’assurer d’une bonne représentativité en fonction de l’âge, du sexe, du statut de pratique et de la spécialité. La marge d’erreur maximale pour l’ensemble des répondants est de 1,9 % à un niveau de confiance de 95 %.
Sondage auprès de la population
Le sondage en ligne a été réalisé du 7 au 12 avril 2022 et 1 125 personnes y ont répondu. Les données ont été pondérées pour s’assurer d’une bonne représentativité en fonction de l’âge, du sexe, de la langue maternelle, du plus haut diplôme obtenu, de la taille du ménage ainsi que de la région habitée. La marge d’erreur maximale pour l’ensemble des répondants est de 3,4 % à un niveau de confiance de 95 %. Une partie de l’échantillon étant non probabiliste (utilisation d’un panel externe non probabiliste), les marges d’erreur sont présentées à titre indicatif seulement.