Partout, des problèmes similaires

Lisez le mot du président du 11 octobre 2024

Bien que le Québec soit un vaste territoire diversifié, les enjeux en santé sont similaires d’une région à l’autre. La réforme en cours doit s’accélérer pour remettre sans tarder sur ses rails le réseau de la santé québécois.

À Kuujjuaq, à Montréal, à Lévis, à Gaspé, aux Îles-de-la-Madeleine et à Baie-Comeau, nous avons pris le pouls de la réalité du terrain dans le cadre du 2e volet de notre tournée des pôles en santé. Nous avons donné la parole aux usagers, aux médecins, aux résidents, aux CMDP, aux DSP, aux chefs de département et aux PDG. Nous avons pris la pleine mesure des défis quotidiens qui finissent par user.

L’effet domino

Des quotas administratifs mur à mur limitent les gestionnaires dans leur recours à des ressources humaines et matérielles. Les médecins peinent, quant à eux, à assumer leur pleine responsabilité. Les externes et les résidents jouent le double rôle d’employés et d’apprenants… et parfois l’un plus que l’autre! Et le public peine à accéder aux soins que son état requiert. On assiste à un véritable effet domino dont les conséquences se répercutent sur tout le monde : le corps médical, l’administration, la population.

S’activer pour le bien commun

Au terme de nos entretiens et rencontres, nous avons pu identifier une dizaine d’enjeux et mettre en évidence les problèmes constatés et les solutions déployées pour les pallier :

  • cesser d’appliquer uniformément des normes et des quotas, sans tenir compte des réalités sociodémographiques, qui défavorisent notamment les régions éloignées;
  • veiller à optimiser l’accès pour ne pas que la qualité des soins soit compromise;
  • solutionner les problèmes d’hébergement qui contraignent les patients ayant besoin de niveaux de soins alternatifs (NSA) à occuper des lits d’hospitalisation;
  • unifier l’offre de soins, d’une région à l’autre, pour que la population de partout au Québec bénéficie de traitements de proximité, appropriés à sa condition;
  • reconnaître que les réalités des soins et des soignants, dans le Grand Nord, n’ont d’équivalent nulle part ailleurs au Québec;
  • prendre les mesures qui s’imposent pour rehausser les infrastructures et les équipements afin de freiner l’exode des ressources, notamment vers le privé;
  • délester le personnel médical des tâches administratives dont le poids grandissant contribue à la fatigue – voire à la détresse – des soignants;
  • permettre aux futurs médecins de parfaire leur formation sur le terrain en bénéficiant de tout l’encadrement nécessaire à un apprentissage sain et pérenne;
  • écouter les comités d’usagers et les mettre à contribution dans la recherche de solutions;
  • donner plus de poids au vécu des patients (par l’intermédiaire des comités d’usagers) afin que les trajectoires de soins soient moins complexes.
Un rapport éloquent

Au terme de la tournée, qui nous a menés aux 4 coins du Québec, nous concluons que la responsabilité sociale envers le territoire desservi est souvent occultée par des décisions administratives et des irritants organisationnels. Nous souhaitons que ce rapport permette de constater que la pénurie n’est pas la mère de tous les maux du réseau et que des décisions administratives ont malheureusement des effets pervers.

Les personnes rencontrées sont résilientes et engagées : elles entretiennent des espoirs envers Santé Québec. Le public aussi.

Je vous invite à prendre connaissance, plus en détail, du 2e rapport de notre tournée des pôles en santé. Vous pouvez même relire le précédent, publié en mars 2023. En parcourant le Québec, nous avons constaté beaucoup de détresse chez les soignants et j’aimerais vous lire à ce propos dans la section Forum de la présente Info Collège.

Adoption du projet de loi no 68

Le projet de loi no 68 visant principalement à réduire la charge administrative des médecins a été adopté, cette semaine, à Québec. Nous nous étions présentés en commission parlementaire, le mois dernier, pour y faire valoir notre point de vue et nos suggestions afin de réduire le temps que passent les praticiens à remplir des formulaires de toutes sortes.

Nous saluons les efforts gouvernementaux faits pour améliorer les choses et considérons que les mesures adoptées pour amoindrir la charge bureaucratique donneront un certain répit aux médecins. Reste à voir si les estimations des ministres de la Santé et du Travail réussiront vraiment à s’incarner : libérer ainsi 600 000 plages de rendez-vous chaque année. Donnons la chance au coureur!

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.