Soins de santé au Québec : enjeux similaires d’une région à l’autre

Lisez le mot du président du 27 octobre 2024

Dans le cadre du 2e volet de notre tournée des pôles en santé, nous avons pris le pouls de la réalité qui est la vôtre, que vous viviez à Kuujjuaq, à Montréal, à Lévis, à Gaspé, aux Îles-de-la-Madeleine ou à Baie-Comeau. Nous vous avons donné la parole, chers usagers, en plus d’écouter les doléances des médecins, des résidents en médecine, des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens des établissements de santé, de celles et ceux qui dirigent leurs services professionnels, des chefs de départements et des PDG des hôpitaux. L’exercice était essentiel pour prendre la pleine mesure des défis quotidiens qui finissent par user les personnes qui travaillent dans le réseau de la santé et des services sociaux, et qui ont une incidence sur celles et ceux – comme vous – qui sont en droit de recevoir les meilleurs soins, quand ils en ont besoin.

L’effet domino

Dans leur quête de ressources humaines et matérielles ô combien nécessaires, les gestionnaires se heurtent à des quotas administratifs uniformes et limitatifs. Les médecins peinent alors à assumer la pleine responsabilité sociale qu’ils doivent exercer à l’échelle d’un territoire donné. Les futurs médecins jouent le double et inconfortable rôle d’employés et d’apprenants. Et au bout du compte, c’est toute la population du Québec qui en fait les frais : vous arrivez péniblement à accéder aux soins que votre état de santé requiert. À l’échelle du Québec, un véritable effet domino s’enclenche ainsi et ses conséquences se répercutent sur tout le monde : le corps médical, l’administration, la population.

S’activer pour le bien commun

Au terme de nos entretiens et rencontres, nous avons pu identifier 10 enjeux qui contribuent à embourber le système de santé et à altérer les soins dont vous avez besoin :

  • il faut cesser d’appliquer uniformément des normes et quotas, sans tenir compte des réalités sociodémographiques, qui défavorisent notamment les régions éloignées;
  • il faut optimiser l’accès pour ne pas que la qualité des soins soit compromise;
  • il faut solutionner les problèmes d’hébergement qui contraignent la patientèle ayant besoin de niveaux de soins alternatifs (NSA) à occuper des lits d’hospitalisation;
  • il faut unifier l’offre de soins, d’une région à l’autre, pour que vous puissiez bénéficier de traitements de proximité, appropriés à votre condition de santé;
  • il faut reconnaître que les réalités des soins et du personnel soignant, dans le Grand Nord, n’ont d’équivalent nulle part ailleurs au Québec;
  • il faut prendre les mesures qui s’imposent pour rehausser les infrastructures et les équipements afin de freiner l’exode des ressources, notamment vers le privé;
  • il faut délester le personnel médical des tâches administratives assommantes ;
  • il faut permettre aux futurs médecins de parfaire leur formation sur le terrain en jouissant de tout l’encadrement nécessaire à un apprentissage sain et durable;
  • il faut écouter les comités d’usagers et les mettre à contribution dans la recherche de solutions;
  • il faut enfin donner plus de poids à votre vécu, à titre de patientes et patients, afin que les trajectoires de soins que vous empruntez soient moins complexes.
Le CMQ est là pour vous

Sachez que nous faisons tout en notre pouvoir pour mettre en évidence les problèmes constatés, interpeller les hautes instances et faire en sorte que des solutions soient vite déployées pour les pallier, à votre bénéfice. J’ai moi-même accordé une dizaine d’entrevues à ce sujet, dans les médias, depuis la sortie de notre rapport de tournée. Et dans les tribunes qui me seront offertes lors de mes futures prises de parole, je ne manquerai pas de rappeler ces constats, car il en va de la mission même du Collège des médecins du Québec, qui consiste à protéger le public en veillant à une médecine de qualité.

Il ne faudrait jamais que la relation patient-médecin soit occultée par des décisions administratives et des irritants organisationnels. Et à ce chapitre, notre rapport est probant : la pénurie de personnel n’est pas la mère de tous les maux du réseau de la santé. Certaines décisions administratives ont malheureusement de lourds effets pervers.

Nous nous engagerons donc, aux côtés du corps médical résilient, à faire valoir vos besoins et attentes. Et tous les efforts sont porteurs : on a qu’à penser aux suggestions que nous avons formulées, en commission parlementaire, pour réduire la charge administrative des médecins. Elles ont été prises en compte, en majeure partie, et feront en sorte que les médecins aient davantage de temps à consacrer à vos diagnostics et à vos soins.

Comme nous, vous êtes en droit d’entretenir de grands espoirs envers Santé Québec!

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.