De la région parisienne… à Valleyfield
Déjà à l’époque où elle étudiait la médecine, la Dre Cécilia Chailloux caressait le rêve de s’établir un jour au Québec.
Dre Cécilia Chailloux
« Au moment où j’ai passé mon internat, j’avais entendu parler de l’entente Québec-France1, alors je savais qu’il y avait des possibilités. »
Médecin de famille ayant une surspécialisation en médecine d’urgence, elle exerce d’abord sa profession durant une dizaine d’années en région parisienne. Puis en 2020, avec son conjoint qui travaille alors comme ambulancier, elle prend la décision de concrétiser son projet d’immigration et s’y engage activement. « Nous étions tellement motivés, nous étions prêts à aller dans n’importe quelle région. Nous nous étions même dit : s’il faut aller au Nunavut quelques années, on le fera! », se souvient-elle.
Son profil ayant été validé par Recrutement santé Québec, la Dre Chailloux se retrouve sur une liste d’attente pour un parrainage. Or, les mois passent et elle n’est contactée par aucun établissement. Elle décide alors de prendre les choses en main et envoie un courriel à toutes les Directions régionales de médecine générale (DRMG) afin de se présenter, en espérant trouver un milieu pour la parrainer.
Elle obtient plusieurs réponses en provenance de l’Outaouais et de la Montérégie, entre autres. « J’ai finalement trouvé un poste à Candiac et j’ai même rencontré la responsable médicale du CLSC qui souhaitait me recruter. Nous nous sommes rendues très loin dans le processus. Il ne manquait plus que la signature du ministère. » Lorsque la réponse ministérielle arrive enfin, c’est la déception : « Le parrainage a été refusé. Essentiellement, on m’a répondu que si je voulais venir au Québec, il fallait aller à Valleyfield. Ce fut difficile à accepter au départ, car je me projetais déjà dans le poste que j’avais trouvé. »
Deux autres collègues françaises, arrivées au même moment qu’elle, ont vécu sensiblement la même expérience. C’est donc à Valleyfield que les trois médecins de famille se sont finalement posées, à quelques mois d’intervalle. « On y est très bien. En tant que médecins, nous bénéficions de meilleures conditions au Québec qu’en France, et les patients sont plus respectueux à notre égard », relate-t-elle.
L’étape déterminante du stage
Avant d’amorcer ce nouveau chapitre professionnel au CLSC de Valleyfield, la Dre Chailloux a dû réussir un stage de trois mois, comme la plupart des candidats au permis restrictif. Celui-ci s’est déroulé à Lachute. « C’était bien organisé. La responsable de stage avait bien prévu les activités. Les personnes avec qui j’étais en contact au CMQ et les intervenants du CISSS ont toujours fourni des réponses rapides à mes questions », affirme-t-elle.
Toutefois, la médecin de famille ne s’en cache pas : les quatre mois d’attente précédant la confirmation de la tenue du stage ont été parmi les plus stressants du parcours. « Il faut s’organiser avec notre employeur français sans savoir exactement quand on va partir. Dans notre cas, nous devions vendre notre maison, et il fallait aussi penser à notre fille de 3 ans. Comme on ne savait pas dans quelle région aurait lieu le stage, on ne pouvait se projeter dans l’avenir. »
En soi, le stage a constitué pour elle une expérience intense et exigeante, mais formatrice. En effet, s’initier à un nouveau système de santé requiert une bonne dose d’adaptation.
L’étape déterminante du stage
Avant d’amorcer ce nouveau chapitre professionnel au CLSC de Valleyfield, la Dre Chailloux a dû réussir un stage de trois mois, comme la plupart des candidats au permis restrictif. Celui-ci s’est déroulé à Lachute. « C’était bien organisé. La responsable de stage avait bien prévu les activités. Les personnes avec qui j’étais en contact au CMQ et les intervenants du CISSS ont toujours fourni des réponses rapides à mes questions », affirme-t-elle.
Toutefois, la médecin de famille ne s’en cache pas : les quatre mois d’attente précédant la confirmation de la tenue du stage ont été parmi les plus stressants du parcours. « Il faut s’organiser avec notre employeur français sans savoir exactement quand on va partir. Dans notre cas, nous devions vendre notre maison, et il fallait aussi penser à notre fille de 3 ans. Comme on ne savait pas dans quelle région aurait lieu le stage, on ne pouvait se projeter dans l’avenir. »
En soi, le stage a constitué pour elle une expérience intense et exigeante, mais formatrice. En effet, s’initier à un nouveau système de santé requiert une bonne dose d’adaptation.
« Les maladies sont les mêmes, mais la prise en charge et le fonctionnement du système de soins sont très différents. Il y a énormément de choses à assimiler. »Dre Cécilia Chailloux, médecin de famille
De surcroît, se retrouver en situation d’évaluation, alors qu’on pratique la médecine depuis plusieurs années, ajoute à la pression : « On ne peut s’empêcher de penser que notre futur est en jeu », confie la Dre Chailloux.
En dépit des hauts et des bas vécus durant ces démarches, il ne fait aucun doute pour la médecin que le jeu en valait la chandelle. « Si c’était à refaire, je le referais », conclut celle qui compte entreprendre les démarches pour obtenir sa résidence permanente.
1 Signé en 2009, l’Arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) des qualifications professionnelles des médecins vise à favoriser la mobilité de la main-d’œuvre médicale entre le Québec et la France.
Le terme « choc » est un peu fort, mais il y a certainement des différences. Par exemple, l’aide médicale à mourir n’est pas administrée en France, donc c’était une pratique nouvelle pour moi. Aussi, les délais pour obtenir certaines consultations ou subir des examens sont plus longs. Attendre six mois pour passer une IRM… on ne voit pas cela en France.
- Dre Cécilia Chailloux
1 Signé en 2009, l’Arrangement de reconnaissance mutuelle (ARM) des qualifications professionnelles des médecins vise à favoriser la mobilité de la main-d’œuvre médicale entre le Québec et la France.