Santé : que nous annonce la rentrée?

Lisez le mot du président du 29 août 2024.

Ce mot marque la rentrée, bien que, pour bon nombre d’entre vous, les choses ne se soient pas tellement arrêtées durant l’été.

De Saint-Henri-de-Taillon, en bordure de l’immense Lac-Saint-Jean, où j’ai passé la plus grande partie de l’été, l’actualité a été pour moi un lointain écho, sauf pour 4 sujets en santé sur lesquels je souhaite revenir avec vous :

  • le report de la fin de la main-d’œuvre indépendante (MOI) en santé;
  • les demandes anticipées d’aide médicale à mourir (AMM);
  • la future usine Northvolt;
  • et la langue du patient.

Protéger les patients et les soignants

J’ai bien entendu le cri du cœur des médecins de l’Hôpital Le Royer, à Baie-Comeau, nous alertant des risques que posait, pour la sécurité et la santé des patients, l’interruption du recours à de la main-d’œuvre indépendante (MOI).

J’ai visité cet hôpital en novembre dernier. C’est pourquoi j’ai demandé publiquement plus de souplesse dans l’application de cette mesure. J’ai remercié les médecins pour leur prise de position et j’ai salué la décision du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, de reporter de 6 mois la date butoir du recours à la MOI dans les centres urbains. On peut espérer que cela donnera un peu d’air aux régions, en permettant entre autres de libérer des ressources pour les équipes volantes.

Nous sommes tous d’accord avec l’objectif de ramener le personnel soignant au bercail, dans le réseau public. Or, parfois, il faut plus de souplesse sur les modalités. Entretemps, il faut saluer l’extraordinaire résilience des soignants de la Côte-Nord, qui exercent la médecine dans des conditions fort difficiles.

La prudence s’impose

L’aide médicale à mourir (AMM) fait à nouveau l’objet de discussions entre le fédéral et le provincial. Cette fois-ci, ce sont des demandes médicales anticipées – non encore autorisées par le Code criminel – dont il est question. Il faudra bien, un jour, harmoniser le Code criminel et la Loi québécoise concernant les soins de fin de vie (LCSFV)!

Le Collège recommandera donc aux médecins d’aller de l’avant avec les demandes anticipées d’AMM que lorsque des garanties formelles seront mises en place. J’ai récemment fait état de notre position à Sonia Bélanger, la ministre responsable du dossier. Attendons de voir la suite.

Haut voltage environnemental

En toute lucidité, il faut savoir tirer des leçons des impacts de l’environnement sur la santé de la population. La fonderie Horne, en Abitibi-Témiscamingue, en est un exemple probant. Il aura fallu que des médecins de la région unissent leurs voix quant aux conséquences néfastes des rejets de contaminants dans l’air notamment, pour qu’on veille enfin à se conformer à la réglementation en place, voire à la renforcer.

L’absence d’une réglementation précise, visant à baliser les rejets de contaminants de la future usine Northvolt, sur la Rive-Sud de Montréal, a surpris les experts et préoccupe grandement le Collège. Nous nous attendons à ce que des normes soient rapidement édictées et qu’elles soient rigoureusement appliquées. Car il s’agit là d’un enjeu de santé publique.

La langue du patient

La paix linguistique au Québec a été perturbée, cet été, par la publication d’une directive gouvernementale relative à l’usage autorisé de la langue seconde dans le réseau de la santé.

Alors que la primauté du droit des francophones d’être soignés dans leur langue est un fait avéré, voilà qu’on a voulu préciser les circonstances spécifiques lors desquelles un membre du corps médical peut s’adresser en anglais à un usager anglophone. Nos hôpitaux, à titre d’exemple, comptent déjà de nombreux interprètes aptes à faire le pont entre les soignants et les patients parlant une autre langue.

Pour qu’une relation médecin-patient soit optimale et pour qu’un consentement libre et éclairé aux soins soit donné, le Collège réitère que la langue d’usage qui importe est celle du patient!

Se faire entendre et écouter

La rentrée sera aussi marquée par la tenue d’une commission parlementaire visant à étudier le projet de loi no 68, qui propose – enfin! – de réduire la charge administrative des médecins de famille. Une autre commission parlementaire tiendra des travaux cet automne : elle se penchera, pour sa part, sur le projet de loi no 67 relatif à l’élargissement des pratiques professionnelles, incluant le diagnostic en santé mentale.

Le Collège fera bien sûr entendre sa voix dans ces 2 dossiers importants. Il sera également à l’écoute de ce que le public et les soignants auront à dire sur les enjeux sociaux en santé susceptibles d’avoir des répercussions sur eux.

Bonne rentrée!

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.