Les no-show ou le fléau du non-respect des rendez-vous médicaux

Lisez le mot du président du 28 février 2025.

Déjà, au printemps 2023, le ministre de la Santé, Christian Dubé, tentait de conscientiser la population québécoise au fléau des no-show. Car les chiffres sont effarants : chaque mois, parce que les patients ne s’y présentent pas, 30 000 rendez-vous chez des médecins de famille n’ont pas lieu. J’entends déjà les 1,4 million de Québécoises et Québécois qui n’ont pas de médecin de famille s’indigner... Et pour cause! Sur une base annuelle, c’est grosso modo 400 000 rendez-vous cliniques qui sont ainsi ratés. Les no-shows touchent même les tests et les procédures spécialisées. À titre d’exemple : en 2022, 25 % des coloscopies planifiées ont dû être annulées, faute de patients présents pour les subir.

Les conséquences importantes des no-show

Il est important de comprendre que les no-show sont lourds de conséquences. Passer outre un rendez-vous ou un examen médical sans préavis, c’est monopoliser inutilement de nombreuses ressources dans le réseau de la santé. C’est priver d’accès aux soins d’autres personnes dans le besoin. C’est venir alourdir les listes d’attente. Et c’est aussi potentiellement risqué, si vous êtes aux prises avec de sévères ennuis de santé.

Notre responsabilité

Les cas de force majeure existent : personne ne le niera. Aucun médecin ne vous en voudra si un accident de la route, par exemple, vous empêche de vous rendre à votre consultation médicale. Ou si, en raison d’un handicap, un ennui de transport adapté vous y contraint. Mais soyons lucides : sur 30 000 rendez-vous planifiés, un infime pourcentage peut être attribué à de tels aléas indépendants de toute volonté.

Appeler pour prévenir d’un retard, annuler ou replanifier un rendez-vous médical devrait être notre réflexe à toutes et tous, comme ça l’est quand un imprévu nous empêche d’honorer notre engagement chez le coiffeur, le garagiste ou le dentiste. Mais, je vous le concède, encore faut-il que la bonne ressource puisse être avisée dans les temps : c’est somme toute facile d’appeler en clinique pour annuler. À l’hôpital, c’est souvent bien plus complexe de joindre aisément et dans les temps le bon service!

La responsabilité du réseau de la santé

Il est évident que la mise en place d’un service d’annulation ou de report de rendez-vous, dans les établissements publics de santé, incombe au gouvernement. Et aux propriétaires des cliniques ou cabinets médicaux. Mais dans un cas comme dans l’autre, l’exercice doit être simplifié et uniformisé, d’un bout à l’autre du Québec.

Un processus simple doit être mis en place dans tout le réseau de la santé afin que vous, patientes et patients, puissiez aisément et rapidement confirmer, annuler ou reporter vos rendez-vous et vos examens médicaux. Comptez sur le Collège des médecins pour continuer d’interpeller les instances gouvernementales à ce propos : le phénomène des no-show ne date pas d’hier et pourtant, rien ne semble le ralentir. Il faut, une bonne fois pour toutes, prendre les moyens nécessaires pour y remédier, pour votre bien comme pour celui des soignants.

Une campagne de sensibilisation

D’ici à ce que les choses changent à large échelle, suivez le CMQ sur ses réseaux sociaux : Facebook, LinkedIn, Instagram et Bluesky. Nous y lancerons bientôt une campagne visant à lever le voile sur les conséquences des no-show pour vous et pour le réseau de la santé et des services sociaux. Pour en avoir un avant-goût, cliquez ici.

Et dites-moi… Vous est-il déjà arrivé de ne pas parvenir à vous présenter à une consultation médicale? Saviez-vous vers qui vous tourner pour annuler ou reporter vite fait votre rendez-vous? Vous êtes-vous heurtés à des difficultés? Faites-nous part de votre expérience dans la section Forum de votre InfoCMQ.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en veillant à une médecine de qualité.