Les no-show : un fléau!

Lisez le mot du président du 14 février 2025.

Au printemps 2023, le ministre de la Santé en appelait à la conscience sociale des Québécois. Car les données parlent d’elles-mêmes et sont loin de faiblir depuis 2 ans : chaque mois en raison de no-show, pas moins de 30 000 rendez-vous, chez tous les médecins de famille du Québec, n’ont pas lieu. 30 000! Ce nombre colossal est effarant! Plus encore quand on sait que 1,4 million de Québécois n’ont pas de médecin de famille. Sur une base annuelle, environ 400 000 rendez-vous sur les 18 millions planifiés sont ainsi ratés. Et c’est sans parler des tests et procédures liés à la médecine de spécialité : en 2022, 25 % des coloscopies planifiées ont été annulées in extremis, parce que les patients attendus ne s’y sont pas présentés.

Le phénomène est si préoccupant que la publication Profession Santé a fait un appel à témoignages, en décembre dernier, tant les no-show mettaient à mal l’exercice de la médecine et de la pharmacie au Québec.

Les no-show sont lourds de conséquences. Passer outre un rendez-vous ou un examen médical sans préavis, c’est monopoliser inutilement des ressources. C’est priver d’accès aux soins d’autres personnes dans le besoin. C’est affecter les listes d’attente. Et c’est potentiellement risqué pour les patients aux prises avec de sévères ennuis de santé.

Responsabilisation sociale de la patientèle

Les cas de force majeure existent : personne ne dira le contraire. Aucun médecin n’en voudra à un patient qu’un accident de la route, par exemple, a empêché de se rendre à sa consultation médicale. Mais sur 30 000 rendez-vous planifiés, un infime pourcentage peut être attribué à de tels aléas indépendants de toute volonté.

Appeler pour prévenir d’un retard, annuler ou replanifier un rendez-vous médical devrait être un réflexe pour la patientèle, comme ça l’est quand un imprévu nous empêche d’honorer notre engagement chez le coiffeur, le garagiste ou le dentiste. Mais encore faut-il que la bonne ressource puisse être avisée dans les temps : c’est somme toute facile en clinique, ça l’est nettement moins en centre hospitalier.

Responsabilisation du réseau

Il est évident que la responsabilité de mettre en place un service d’annulation ou de report de rendez-vous dans les établissements publics de santé incombe au gouvernement. Dans le cas des cliniques médicales, c’est l’affaire des propriétaires.

Un processus simple doit être mis en place dans tout le réseau public de santé afin que les patients puissent aisément et rapidement confirmer, annuler ou reporter leurs rendez-vous et examens médicaux. Nous interpellerons à nouveau les instances gouvernementales : le phénomène des no-show ne date pas d’hier et pourtant, il prend sans cesse de l’ampleur. Il faut, une bonne fois pour toutes, prendre les moyens nécessaires pour y remédier, au bénéfice des patients et des soignants.

Et d’ici à ce que les choses changent à large échelle, le Collège lancera, dans les prochaines semaines, une offensive sur ses plateformes de médias sociaux afin d’exposer aux patients les conséquences des no-show pour le réseau de la santé et des services sociaux. Nous vous inviterons d’ailleurs à relayer cette campagne.

Votre pratique subit-elle les contrecoups des no-show? Parvenez-vous à en réduire les impacts? De quelle manière? Avez-vous des expériences à ce sujet à partager avec vos pairs? Exprimez-vous dans la section Forum de votre Info Collège.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en veillant à une médecine de qualité.