Santé : remettre vite de l’ordre dans les priorités
Cher ministre Christian Dubé,
L’année 2023 tire à sa fin. Elle aura été marquée par votre détermination à implanter Santé Québec et à lui donner tous ses pouvoirs par le projet de loi no 15.
Nous vous avons fait état, en commission parlementaire, de nos recommandations sur cette loi, notamment quant à l’accès aux soins, à la gouvernance médicale, aux comités d’usagers, à la couverture territoriale, au rehaussement technologique du réseau et à la place du privé.
Les attentes sont maintenant très grandes et vous promettez des résultats à la hauteur « de ce que la population mérite ». Vous vous engagez même à une totale transparence dans la mise en place de votre réforme, que vous voulez réaliser « un jour à la fois ».
Revenons à l’essentiel
Mais d’ici là, la situation sur le terrain, dans les urgences, sur les listes d’attente des chirurgies, en ce qui a trait aux examens en laboratoires et à l’accès aux soins en santé mentale, se détériore et requiert maintenant toute votre attention ainsi que celle de votre gouvernement qui doit remettre de l’ordre dans ses priorités.
Nous sommes aussi préoccupés que l’appellation Santé Québec évacue la notion de services sociaux, pourtant un important déterminant de la santé générale de la population.
Maintenant que Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace est adoptée, nous nous attendons à ce que votre ministère utilise tous les outils dont il a été doté pour mettre fin à des situations qui briment la population d’un accès aux soins et pèsent lourd sur les épaules des soignantes et des soignants :
- Les patientes et les patients ne doivent plus mourir à l’urgence. Il faut leur faire de la place dans l’hôpital en libérant les lits des personnes qui ne nécessitent plus d’hospitalisation.
- La gestion des blocs opératoires doit permettre qu’ils soient davantage accessibles aux patientes et aux patients qui ont besoin d’interventions chirurgicales.
- L’accès à des médicaments novateurs doit être facilité pour fournir les meilleurs soins possibles à la patientèle.
- La place du privé en santé doit être balisée pour éviter que les établissements publics ne deviennent le parent pauvre du réseau.
- Le système informatique doit permettre aux médecins de consulter, en tout temps et partout, les dossiers des patientes et des patients pour connaître en temps réel leur état de santé et les résultats de leurs examens.
- Les médecins doivent passer plus de temps à soigner la patientèle qu’à remplir de la paperasse.
- Les propositions constructives des médecins pouvant améliorer l’accès et la qualité des soins doivent trouver écho auprès des gestionnaires. Les médecins sont souvent au cœur des innovations en santé.
Monsieur Dubé, au cours des prochains mois, les énergies consacrées à la mise en place de Santé Québec ne doivent en aucun cas détourner le ministère de la Santé et des Services sociaux de sa mission première, qui consiste à fournir une médecine de qualité aux patientes et aux patients et à assurer des conditions de pratique optimales aux soignantes et aux soignants.
Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec
Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.