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Direction des études médicales - La porte d’entrée pour exercer la médecine au Québec

Actualités

09/11/2023

La Direction des études médicales joue un rôle de premier plan dans la formation des futurs médecins et dans l’admission à la profession. Ses activités, souvent méconnues de la population et même des médecins, sont pourtant essentielles à la protection du public et au maintien de soins de qualité.

La Dre Marie-Josée Bédard, directrice des études médicales au Collège des médecins du Québec (CMQ) depuis janvier 2023, nous offre son regard sur cette direction polyvalente, à l’œuvre sur des dossiers diversifiés et déterminants pour l’avenir de la médecine.

Marie-Josée Bédard
Décrivez-nous brièvement votre parcours professionnel, avant votre arrivée au CMQ. 

Je suis obstétricienne-gynécologue, et j’ai exercé ma profession avec passion, particulièrement en obstétrique. Je me suis également impliquée dans le dossier des violences obstétricales et gynécologiques.

Dans le milieu universitaire, où j’ai évolué pendant 30 ans, j’ai occupé des postes de gestion académique et siégé à plusieurs comités, ce qui m’a donné une vision globale du fonctionnement d’une faculté de médecine, de son corps professoral et des apprenants. Au fil des années, j’ai aussi acquis une expertise en évaluation des compétences, notamment en tant que directrice du bureau d’évaluation de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Enfin, il y a quelques années, j’ai été cheffe du Département d’obstétrique-gynécologie au CHUM, ce qui m’a permis de me familiariser avec les rouages de la gestion hospitalière.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous joindre à la Direction des études médicales? 

Plusieurs facteurs ont motivé ma décision. Entre autres, le virage entrepris par le CMQ au cours des dernières années m’a donné le goût de m’impliquer. La vision d’un Collège transparent, ouvert, qui assume sa responsabilité sociale, et qui cherche à assurer des soins de qualité et sécuritaires pour tous les patients, cela me parle. Étant donné mon expérience en évaluation et dans le milieu universitaire, ainsi que mon grand intérêt pour la gestion d’équipes et de projets, le poste semblait taillé sur mesure pour moi.

Quel rôle joue votre direction auprès des apprenantes et apprenants en médecine?

Nous sommes responsables de la surveillance et de la qualité de la formation médicale de A à Z. Notre rôle en est un de collaboration et de communication avec les apprenants, les facultés de médecine et nos divers partenaires en éducation. Nous sommes en quelque sorte une vitrine du Collège auprès de ceux-ci.

À découvrir

Produit par le CMQ, le guide Rôle et responsabilités de l’apprenant et du superviseur sert d’outil pour les apprenants et les milieux de formation, les aidant à naviguer dans cet univers souvent complexe.

Deux grands secteurs d’activités

1- Admission à l’exercice

  • Immatriculation des étudiants
  • Délivrance de cartes de stage pour les résidents et moniteurs
  • Délivrance des permis d’exercice (y compris des permis restrictifs* pour les diplômés internationaux en médecine)
  • Gestion du tableau de l’ordre

* Le permis restrictif est un permis renouvelable annuellement. Il requiert la réussite d’un stage de trois mois durant lequel le médecin pourra démontrer qu’il peut exercer de façon autonome et sécuritaire au Québec. Après cinq ans, ce permis peut être converti en un permis régulier.

2- Surveillance et qualité de la formation

  • Responsable des examens d’entrée dans la profession (examens de spécialité), en collaboration avec le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et le Collège des médecins de famille du Canada (CMFC)
  • S’implique, avec l’Association des facultés de médecine du Canada, dans l’agrément* et la formation médicale, du début de la formation jusqu’au développement professionnel continu
  • Responsable de l’agrément des programmes de résidence des quatre facultés de médecine du Québec avec le Collège royal et le CMFC
  • Partenaire à parts égales avec les deux autres collèges dans le Consortium d’agrément de la résidence au Canada (CanRAC)

* L’agrément est le processus qui vise à assurer que les programmes d’enseignement médical respectent la qualité attendue de la formation des futurs médecins, peu importe le site de formation. Chaque faculté de médecine fait l’objet d’une visite complète d’agrément tous les huit ans. La préparation de cette visite est un processus très exigeant qui s’échelonne sur plus d’une année.

Comment la formation des futurs médecins est-elle différente aujourd'hui d'il y a 20 ans?

Je dirais que c’est le jour et la nuit… La formation médicale est plus structurée et encadrée qu’il y a 20 ans. Le niveau de responsabilité est davantage surveillé et graduel, afin d’assurer la sécurité des patients. Je vois aussi que les nouveaux apprenants ont une meilleure formation et des compétences plus poussées dans des domaines comme la communication et la collaboration interprofessionnelle. Enfin, il existe une plus grande sensibilité face aux risques de fatigue professionnelle, de harcèlement ou d’intimidation.

Pour l’avenir, il reste à parfaire dans nos curriculums certaines notions comme la responsabilité sociale, la sécurisation culturelle, la santé planétaire et le service à la population.

Parlez-nous des grands enjeux ou dossiers qui mobilisent la Direction des études médicales à l’heure actuelle.

Notre direction est très diversifiée, et les enjeux sont nombreux. Voici ceux qui nous occupent actuellement ou qui nous mobiliseront dans un futur rapproché :

  • Nous nous penchons sur la refonte du programme de résidence en médecine de famille proposée par le Collège des médecins de famille du Canada.
  • Nous souhaitons encore mieux accompagner les diplômés internationaux en médecine qui choisissent de venir pratiquer au Québec. Il est possible de mieux les orienter et d’améliorer l’intégration et l’encadrement par divers moyens, dont le mentorat.
  • Nous explorons l’ouverture aux adjoints aux médecins*. Un projet pilote est actuellement envisagé par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
  • Nous étudions la question de l’attribution de nouveaux titres professionnels, pour des personnes qui ont un diplôme M.D., dont la formation n’est pas globalement équivalente à celle du Québec, mais qui pourraient contribuer à l’efficacité de notre système de santé.
  • Enfin, nous travaillons à optimiser la gestion du tableau de l’ordre en misant sur l’efficacité, l’adaptation au changement et aux risques, et l’offre de réponses structurées à la clientèle.

*L’adjoint au médecin est un professionnel de la santé ayant suivi une formation universitaire poussée et fournissant un vaste éventail de services médicaux. Pour en savoir davantage, consultez le site de l'Association canadienne des adjoints au médecin.

La reconnaissance des diplômés à l’international en médecine est un sujet récurrent dans les médias. On y insinue souvent que le CMQ empêche les médecins venus d'ailleurs de pratiquer au Québec. Qu’en pensez-vous?

C’est un processus complexe. Une fois que le CMQ a reconnu les qualifications des candidats internationaux, il appartient au réseau de la santé de leur offrir des stages et de les intégrer. Cela ne relève pas de nous. Il y a donc une méconnaissance du mécanisme, qui mène à des raccourcis, et nous nous employons à mieux expliquer la situation aux médias qui nous interpellent et qui doivent en retour informer la population. En revanche, il faut savoir qu’ailleurs au Canada, le Québec est cité en exemple et considéré en avance en comparaison avec les autres provinces.

Par exemple, chaque année, nous accueillons entre 70 et 75 diplômés internationaux en médecine via la voie du permis restrictif, et ce, dans nos 60 spécialités offertes au Québec, ce qui n’est pas le cas ailleurs au pays.

À ce nombre s’ajoutent une soixantaine de diplômés internationaux qui entrent par la voie de la résidence, c’est-à-dire une formation postdoctorale, surtout en médecine de famille.

Tout notre processus évaluatif est centré sur une médecine de qualité, selon nos standards québécois. C’est ce qui fait en sorte qu’une personne peut obtenir les mêmes soins, peu importe où elle se trouve au Québec.

Certains apprenants soutiennent que les examens écrits et oraux ne sont pas nécessaires en fin de parcours et que les stages suffisent. Quel est votre avis?

Je considère que plusieurs étapes sont requises dans la formation médicale pour assurer la protection du public en offrant une médecine de qualité; l’examen en fait partie. Il sert à cristalliser les notions apprises pendant la formation. Ces notions serviront de base à l’expérience, qui sera acquise plus tard avec la pratique. Qui plus est, il n’est pas toujours facile pour le superviseur, qui est aussi un médecin, de déterminer à quel moment telle résidente ou tel résident est prêt à exercer. L’examen demeure donc un outil pertinent.

Certes, la dernière année de formation est exigeante, mais il faut voir ce qu’elle peut nous apporter. J’ai rencontré récemment une résidente qui s’engage dans sa dernière année de formation, et elle m’a avoué spontanément : « J’ai choisi d’entrevoir cette année de façon positive, j’aurai la chance d’acquérir beaucoup de connaissances et de compétences en étudiant pour mon examen. »

Les résidents se plaignent de la lourdeur de l’approche CPC (Compétence par conception), qui exige de faire remplir des fiches par leurs superviseurs tout au long de leur résidence. Quel est votre point de vue?

Je crois qu’ils ont raison. Au départ, la philosophie qui a motivé l’approche CPC était excellente. L’objectif était que chaque médecin certifié au Canada soit capable d’accomplir les tâches essentielles dans sa spécialité avec le brio nécessaire. L'approche consiste à observer les résidents en action dans différentes situations afin de leur fournir une meilleure rétroaction et de les amener à progresser. Les fiches sont un moyen de colliger le tout. Cependant, une certaine dérive s’en est suivie. Dans certaines spécialités, il est exigé de faire remplir des fiches très souvent. Les superviseurs, déjà accaparés par les tâches cliniques, deviennent surchargés, tandis que les apprenants vivent dans une perpétuelle quête d’évaluation, ce qui les rend anxieux. Nous sommes à repenser cette approche avec le Collège royal afin d’en éliminer la lourdeur. J’espère que les apprenants pourront retrouver le plaisir de travailler pour apprendre, et non pas toujours dans l’objectif d’être évalué.

3 choses à savoir sur…

Le comité d’admission à l’exercice
  • C’est un comité décisionnel, composé de 6 membres choisis selon des critères précis.
  • Il prend des décisions relativement aux demandes de délivrance de permis (réguliers et restrictifs), et de certificats de spécialiste, au renouvellement et à la modification de permis, ainsi qu’aux demandes d’équivalence de formation ou d’examen.
  • En 2022-2023, 195 demandes de reconnaissance de l’équivalence d’un diplôme obtenu hors du Canada ont été reconnues, sans condition, par ce comité.
Le comité des études médicales et de l’agrément
  • C’est un comité décisionnel, surtout axé sur l’échange et la réflexion. Il est composé de 13 personnes, dont certains membres du CA et des représentants du milieu universitaire (vice-doyens, résidents, étudiant).
  • Il se prononce sur des sujets liés à la formation médicale de premier cycle et postdoctorale, aux politiques, procédures et normes à suivre en matière d’éducation médicale et d’agrément.
  • En 2022-2023, 47 programmes d’études ont fait l’objet d’un examen par ce comité.
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